Football: La FIFA va réglementer les commissions des agents

La saison 2021-2022 ne se conclura officiellement que mardi avec les derniers matches de la Ligue des nations mais le mercato estival a, lui, déjà bien commencé. Entre l’interminable suspense qui a précédé la prolongation du contrat de Kylian Mbappé au PSG et le passage de Erling Haaland du Borussia Dortmund à Manchester City, la valse des transferts a débuté de façon spectaculaire puisqu’elle a concerné ceux qui seront probablement les deux grandes stars de la prochaine décennie.

Ces deux cas réglés, l’été s’annonce encore chaud bouillant avec le possible retour de Paul Pogba à la Juventus, les envies d’ailleurs de Robert Lewandowski et, peut-être, de Cristiano Ronaldo, pour ne citer que trois exemples parmi des centaines d’autres.

Mais les centaines de millions – voire bien davantage – qui vont passer d’un club à l’autre ces 80 prochains jours remettent à nouveau sous les feux des projecteurs les commissions souvent indécentes des agents de joueurs. Pour résumer l’ampleur de ce que beaucoup qualifient de «désastre», selon plusieurs sources concordantes le transfert de Haaland – en plus des quelque 75 millions de sa clause libératoire et, bien sûr, de son salaire – aurait coûté près de 40 millions de commissions diverses à Manchester City. Un montant astronomique que se sont partagé les héritiers de la société créée par son agent de toujours, feu Mino Raiola, et le père du joueur.

Mais le record en la matière appartient au même Mino Raiola. Entre l’arrivée de Paul Pogba – alors en fin de contrat avec Manchester United – à la Juventus en 2012 et son retour à MU pour la somme record de 105 millions d’euros quatre ans plus tard, l’agent italo-néerlandais aurait perçu pas moins de 45 millions d’euros grâce à ces deux opérations!

Des excès néfastes pour le football que la FIFA tente de freiner depuis des années. Des velléités qui sont tout près de trouver une issue puisqu’un règlement sur la question est, apparemment, en phase d’approbation par le Conseil de la FIFA. Si une date n’a pas encore été officiellement fixée tout devrait être ratifié d’ici à l’automne prochain au plus tard pour une entrée en vigueur en juin 2023. Un nouveau règlement qui ne concerne donc ni ce mercato estival ni celui de janvier 2023.

Ce futur «Règlement des agents de la FIFA» rétablit un système de licence obligatoire pour ces intermédiaires. Alors même qu’elle y avait mis fin en 2015, la FIFA est aujourd’hui décidée à faire machine arrière et à réguler un marché des transferts qui n’a cessé de croître ces dernières années, mettant en lumière ses dérives. Parmi elles, est souvent ciblée la place de plus en plus importante qu’occupent les agents, aussi bien auprès des clubs que des joueurs. Il leur est reproché de favoriser une approche spéculative plutôt que sportive et de chercher à maximiser le nombre de transferts pour augmenter leurs commissions. Une critique confirmée par des études menées par la FIFA mais aussi par des organisations extérieures, comme le Conseil de l’Europe. Ces études mettent en évidence la nécessité de rendre le marché des transferts plus juste et transparent.

 «Le nombre d’intermédiaires a fortement augmenté depuis la fin du système de licence en 2015, avec pour conséquence principale de diminuer la qualité des services fournis aux joueurs», explique Luis Villas-Boas Pires, responsable du département Agent de la FIFA.

Cette évolution sera accompagnée par la nouvelle chambre de compensation que la FIFA compte mettre en place prochainement. Cet outil central, par lequel devront se faire les versements des indemnités de transfert, permettra à la FIFA de s’assurer du versement des contributions de solidarité, mais aussi de contrôler les commissions versées aux agents. Celles-ci se verront plafonnées en fonction du rôle exercé par l’agent. Si celui-ci représente le club «vendeur» cédant un joueur lors du transfert, le montant de la commission sera plafonné à 10% de l’indemnité de transfert. Pour l’agent représentant le joueur ou le club acquéreur, ce plafond représentera 3% du salaire du joueur concerné.

Les revenus des agents vont donc se voir strictement encadrés, d’autant plus que cette nouvelle réglementation prévoit aussi de mettre fin à la multi-représentation. Fini la triple représentation qui permettait à un agent d’agir au nom des trois parties d’un transfert (joueur, clubs vendeurs et acquéreur), et donc d’être triplement rémunéré. La double représentation du joueur et du club vendeur qui restera toutefois possible, avec des commissions cumulables. Une exception qui ne devrait néanmoins pas suffire à rassurer les agents.

Pour avoir un maximum de transparence, la publication de tout le travail effectué par les agents au cours d’un transfert – diverses commissions reçues comprises – sera exigée afin d’améliorer aussi la crédibilité du système. De bonnes intentions qui n’empêcheront malheureusement pas les petits malins qui représentent un joueur convoité par plusieurs clubs de faire monter les enchères de leurs commissions, occultes si possible. En échange, ils se chargeront de «convaincre» leur protégé d’accepter telle proposition plutôt qu’une autre.