FootballCommentaire: Luis Rubiales est presque sincèrement désolé
Le président de la fédération espagnole a présenté ses excuses lundi. Pour la manière dont les gens ont interprété son geste, mais pas pour le baiser forcé.


L’équipe d’Espagne était toujours accompagnée de Luis Rubiales au moment d’être accueillie par le premier ministre espagnol, mardi à Madrid.
AFPQuoi de plus convaincant que quelqu’un qui ne semble pas sincère au moment de présenter ses excuses? Luis Rubiales, le président de la fédération espagnole, s’est fendu d’un «désolé» qui sonnait un peu forcé lundi, alors que bon nombre de personnes s’insurgent du baiser sur la bouche imposé à Jenni Hermoso.
La scène a eu lieu lors des festivités suivant la victoire de l’Espagne lors de la Coupe du monde, dimanche. L’homme avait d’abord botté le ballon en touche, arguant que le geste réunissait «deux amis célébrant quelque chose» et que les idiots étaient partout.
Qu’en pense la concernée, l’amie en question? La joueuse a d’abord indiqué qu’elle n’avait pas aimé ça. Puis elle a modifié son discours pour évoquer un «geste naturel d’affection» de la part du président de la fédération. Une manière d’éteindre une polémique qui a entaché le magnifique triomphe de l’Espagne.
Le geste est si naturel que l’on imagine volontiers Luis Rubiales s’emparer des lèvres d’Iker Casillas ou de Xavi lors de la Coupe du monde en 2010. Le geste est si naturel que le tollé provoqué a obligé l’Espagnol à présenter ses excuses lundi. Son mea culpa est relatif, et les réels regrets ont été laissés hors du discours.
«J’ai fait une erreur, c’est sûr», a-t-il expliqué dans une vidéo distribuée par sa fédération. Il précise qu’il n’avait pas de mauvaises intentions, qu’il n’y a aucun problème tant de son côté que de celui d’Hermoso. «Ici, nous le voyons comme quelque chose de normal. À l’extérieur, cela a créé de l’agitation, car des gens se sont sentis blessés par cela, donc je dois présenter mes excuses; il n’y a pas d’alternative.»
«Déso, pas déso»
Ces quelques phrases montrent qu’il regrette davantage les réactions que son propre geste - «naturel», rappelons-le. Il y a de quoi admirer la rhétorique. Lui n’a fait de mal à personne, les gens se sont sentis blessés. Lui ne voulait pas faire de mal et, de toute manière, le bisou ne concerne que lui et une joueuse sur laquelle il n’exerce absolument aucun pouvoir et qui n’a certainement aucun intérêt à entretenir de bonnes relations avec sa fédération. Ou peut-être que si, mais peu importe. La joueuse a bien fini par dire qu’il n’y avait pas de problème. Tant pis pour son inconfort initial, tant qu’elle finit par changer d’avis.
On reste dans la lignée de toutes ces comédies romantiques puantes, celles qui incident les protagonistes à céder aux multiples tentatives de séduction d’un type. Au pire, tente ta chance. Comme le dit si bien Jean-Claude Duss: «Sur un malentendu, ça peut marcher!» Et si ça ne marche pas, balance quelques excuses et passe à autre chose. (Ne faites pas ça, vraiment.)
Il faut être clair: Jenni Hermoso peut accepter ou non un baiser sur la bouche de n’importe qui. Elle fait ce qu’elle veut: son corps, son choix. Elle peut même trouver ça chouette sur le moment, puis se dire par la suite que c’était bizarre, ou l’inverse. Par contre, le fait que le président d’une fédération réalise un tel geste spontanément, puis le justifie pendant aussi longtemps laisse un goût amer.