Humeur – Chauffer l’extérieur en hiver n’a pas de sens

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HumeurChauffer l’extérieur en hiver n’a pas de sens

L’épidémie Covid-19 a bon dos pour imposer peu à peu le chauffage des terrasses. D’un régime d’autorisation stricte, on glisse vers la banalisation d’une pratique qui surconsomme du courant et pollue.

Eric Felley
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Eric Felley
Un parasol chauffant à gaz. Allumé toute la journée, il consomme presque autant qu’une maison.

Un parasol chauffant à gaz. Allumé toute la journée, il consomme presque autant qu’une maison.

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Après Genève et Neuchâtel, le canton de Vaud a décidé de faciliter les autorisations de chauffage des terrasses pour un deuxième hiver consécutif. Comme l’année dernière, la raison est d'«exprimer son soutien» au milieu de la restauration, qui souffre toujours de la crise sanitaire. Idem à Genève, où le conseiller d’État Antonio Hodgers justifiait la mesure il y a peu: «Au vu des difficultés économiques rencontrées par les milieux de la restauration…»

Si l’année passée on pouvait comprendre cette mesure, étant donné que les cafés avaient dû fermer ou n’ouvrir qu’en terrasse, cette année ce n’est pas le cas. Grâce au certificat, les établissements publics sont ouverts. Il serait plus cohérent de la part des gouvernements cantonaux de revenir à la normalité concernant ce type de chauffage. C’est-à-dire l’exception et non la règle.

«Chauffer l’air extérieur n’a pas de sens»

Tout le monde sait que l’utilisation à large échelle en plein air des parasols chauffants, des fours à pellets, à gaz rayonnant, au mazout, à l’éthanol ou des braséros est écologiquement très discutable. Soit du point de vue de leur grande consommation d’énergie, alors que la Suisse doit importer de l’électricité; soit du point de vue du CO2 ou des particules fines qu’ils produisent en quantité. Pour se faire une idée, une chaufferette électrique allumée quatre heures par jour pendant tout l’hiver équivaut au tiers de la consommation d’une villa pour toute une année. Les chaufferettes à gaz représentent encore davantage, le double ou le triple. Dans un article sur le sujet, un ingénieur valaisan disait: «Le bon sens de chacun peut aisément comprendre que chauffer l’air extérieur n’a pas de sens dans le contexte de la situation énergétique et de l’approvisionnement suisse».

Le chauffage personnel: une couverture

Il n’y a pas que les restaurants qui sont concernés. De plus en plus de privés suivent le mouvement et veulent chauffer leurs extérieurs. Certes, la plupart des cantons l’interdisent, mais les polices cantonales ont d’autres chats à fouetter que faire la chasse aux parasols chauffants. En l’absence de loi fédérale qui règle cette question, l’Office fédéral de l’énergie fait la promotion «du chauffage personnel, comme une couverture». C’est tout simple… Ou, comme dit un dicton norvégien: «Il n’y a pas de mauvais temps, seulement de mauvais vêtements».

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