Arts martiaux mixtes - «Un combattant heureux et serein, c’est un combattant dangereux»

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Arts martiaux mixtes«Un combattant heureux et serein, c’est un combattant dangereux»

Mirnes Mukladzija n’a qu’un seul objectif, devenir champion UFC. Grâce à un mental d’acier et à une discipline de fer, le Morgien espère gravir rapidement les échelons. Rencontre.

Florian Paccaud
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Florian Paccaud
Mirnes Mukladzija ambitionne de devenir professionnel de MMA et il fait tout pour y arriver (mars 2022).

Mirnes Mukladzija ambitionne de devenir professionnel de MMA et il fait tout pour y arriver (mars 2022).

Vanessa Lam

«On peut avoir du talent, mais sans travail ni rigueur, il ne sert à rien». Mirnes Mukladzija veut mettre toutes les chances de son côté pour réaliser son rêve. Son objectif ultime? Devenir champion UFC en lourd-léger. «Je veux ça et rien d’autre», clame le Morgien de 25 ans d’une voix posée mais déterminée.

Cet amateur d’arts martiaux mixtes s’entraîne dur pour son deuxième combat, qui aura lieu ce samedi au Casino de Bâle, dans le cadre d’une compétition pour les amateurs et les professionnels organisée par le Hard Fighting Championship (HFC). «J’utilise ces duels car c’est un très bon tremplin, dans le sens où il y a une belle visibilité», explique celui qui fréquente la salle d’Ultimate Fight Crissier depuis 2 ans.

Lucide, le Vaudois sait cependant qu’il doit d’abord gravir les échelons avant d’arriver au sommet. Pour se donner le moyen de ses ambitions, il agit comme s’il était déjà pro. «J’essaie de m’imaginer et travailler comme un professionnel au niveau de l’alimentation, du repos, de l’entraînement et des sacrifices, comme cela, je serai prêt le jour où cela arrivera.» Bien sûr, les soirées avec ses potes lui manquent. Mais pas tant que ça. «Il y a certaines choses que des amis font et dont je dois me priver. Mais ce n’est pas vraiment de la privation, c’est un choix.»

Mentalité de ninja

Comme Rock Lee – son personnage préféré dans le manga «Naruto» qu’il s’est fait tatouer sur son mollet –, la rigueur de travail et la mentalité de ne jamais abandonner sont la clé. «À la base, c’est un enfant qui n’a pas les capacités pour devenir un grand ninja, raconte le Morgien, la flamme dans les yeux. Mais à force de travail et de persévérance, il se hisse parmi les meilleurs. Je suis également dans cette mentalité.» Il faut bosser dur pour atteindre de tels objectifs.

Mirnes Mukladzija travaille à l’Etat de Vaud, au centre cantonal de traçage du Covid-19. Après le job, il part s’entraîner jusque vers 21h. Et le lendemain, il recommence, 4 à 5 fois par semaine. «Il faut passer par une période comme cela pour tester sa motivation. Maintenant, je me suis imprégné de ce quotidien. C’est sur le long terme qu’on voit si on a envie ou non».

Son attrait pour les sports de combat s’est développé depuis tout petit. Pendant que ses camarades baignaient dans les Pokémon, lui préférait Van Damme et ses coups de pied retournés. Sans pour autant être une personne violente. «J’ai aussi eu à me battre quelques fois, mais cela fait partie de la jeunesse. Maintenant, j’utilise cela comme un art.» Pas seulement pour lui, essayant également de convaincre les plus jeunes de se dépenser sur un ring, plutôt que de traîner dans la rue et «faire d’autres choses moins recommandables». Un aspect qui tient vraiment à cœur de celui qui a auparavant travaillé deux ans comme éducateur de la petite enfance.

Après avoir pratiqué la boxe anglaise et le kickboxing notamment, le Morgien s’est tourné vers les arts martiaux mixtes depuis trois ans. «C’est plutôt le MMA qui est venu à moi, précise-t-il. Il n’y a pas vraiment eu un élément déclencheur. J’adore me surpasser, j’adore les nouveaux challenges et en faire toujours plus.»

«La confiance de mon entourage m’a donné un élan en plus. C’était à mon tour d’assurer.»

Mirnes Mukladzija

Le combattant ne nie pas son côté rêveur. «Je suis un peu dans mon monde». Il faut viser haut si on veut aller le plus loin possible, estime-t-il. «Il ne faut pas se cacher de ses objectifs, il faut les énoncer, les assumer et travailler pour». Une manière pour lui de se mettre une pression positive. «Je veux arriver au top. Maintenant on va voir si je suis vraiment capable de le faire.» Ses partenaires d’entraînement croient en lui en tout cas. «Mirnes a une faculté d’apprentissage incroyable», confie l’un d’eux.

Mirnes Mukladzija lors d’une séance d’entraînement à l’Ultimate Fight Crissier.

Mirnes Mukladzija lors d’une séance d’entraînement à l’Ultimate Fight Crissier.

Vanessa Lam

En plus de son travail et de sa rigueur, l’espoir vaudois peut compter sur son team, qui lui apporte un soutien primordial, comme lorsqu’il a dû renoncer à combattre en décembre dernier à cause d’une blessure. «Bien sûr, j’ai été déçu sur le coup, mais j’ai vite relativisé. C’était une décision collective, donc cela m’a aidé à l’accepter. On s’est dit qu’on n’allait pas prendre de risque. On fait un sport qui est risqué. Il faut accepter.»

Son équipe? Amine Ajil et Nazim Berisha (entraîneurs), Alan Velati (préparateur physique) et Liri Don (au paho, bouclier dans lequel on tape). Ils sont sa source de motivation. «Je les connais tous depuis au moins 15 ans et je leur fais confiance à 1000%.» Des liens qui le propulsent vers l’avant. La confiance de son entourage lui avait permis de remporter son premier combat, le 18 octobre passé, déjà dans la cité rhénane. «J’ai senti qu’ils étaient derrière moi et que je ne devais pas les décevoir. Leur confiance m’a donné un élan en plus. C’était à mon tour d’assurer.»  Et tout s’est passé exactement comme lui et les siens l’espéraient. «On ne pouvait pas espérer mieux pour un premier combat.»

Bien dans ses gants, bien dans sa tête, Mirnes Mukladzija a selon lui tout pour suivre le chemin de Volkan Oezdemir. «C’est le seul Suisse à l’UFC, bien sûr que c’est une source d’inspiration. Son parcours est une franche réussite», reconnait le Morgien, qui combat dans la même catégorie de poids que le Fribourgeois. Les deux combattants helvétiques pourraient-ils s’affronter? L’avenir nous le dira. Le Vaudois sait que la route vers le sommet est longue et difficile, et qu’il n’y a pas de raccourcis. Mais il le dit lui-même: «Un combattant heureux et serein, c’est un combattant dangereux.»

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