FootballServette doit identifier ses vrais chantiers
Le match nul 2-2 contre Lugano ne change pas grand-chose au destin des Grenat: la saison prochaine demandera des changements. Mais lesquels?


Il n’y a plus beaucoup de leçons à tirer pour Servette. Cette fin de saison, dans la façon dont elle se termine, n’est pas vraiment de nature à apprendre quoique ce soit de plus que ce qu’on savait déjà. Il faut simplement trouver le moyen de mettre les mathématiques du bon côté, en se sauvant officiellement lors des deux dernières journées. Le match nul 2-2 contre Lugano n’a en effet pas permis de le faire, quand bien même ce point glané à la 91e minute sur un penalty de Dimitri Oberlin reste toujours bon à prendre.
Il est désormais évident que les enjeux les plus sérieux concernent l’avenir et non le présent. La saison prochaine, et puis les suivantes, forcément. Il faut dessiner le Servette d’après, celui qui devra passer un palier, après trois saisons de Super League, plus souvent faites de satisfactions que d’inquiétudes. C’est un nouveau cycle qui s’annonce, et il importe de déterminer ce qui fera (et ceux qui feront) l’identité de ce «Servette 2.0». Et avant de lancer les grands travaux, Pascal Besnard, le président, et Philippe Senderos, le directeur sportif, ont la nécessité d’identifier les chantiers les plus urgents. Tour d’horizon.
Le destin du club
Depuis trois ans qu’il est en Super League, et deux qu’il est dirigé par le duo précité, Servette a tracé sa ligne en se référant à la stabilité. Il fallait s’établir dans l’élite, tout en commençant à valoriser l’académie et les jeunes qui peuvent en sortir. Le premier point est acquis, et si la Super League devait passer à 12 équipes dès 2023-24, alors la saison prochaine offrira une certaine latitude aux Grenat: seul le 10e serait menacé par une relégation, avec un barrage à disputer contre le 3e de Challenge League.
Pour ce qui est du second élément, il se précise quelque peu. Kastriot Imeri devrait rapporter quelques millions au club genevois cet été, alors qu’un certain nombre de jeunes ont été alignés ce printemps par Alain Geiger. L’effort devra être accentué la saison prochaine, mais cela va dans le bon sens. Reste à savoir comment faire évoluer cette tendance.
L’objectif est-il de donner encore plus de places et de responsabilités aux jeunes, ou de commencer à affirmer ses ambitions en terme de classement? Autrement dit, à défaut de jouer le titre, Servette peut-il au moins s’imaginer prétendre de manière régulière au podium? Ou alors veut-il définir son identité autour d’un noyau de jeunes, encadrés par des cadres? La seconde option semble plus réaliste. Les ambitions sportives viendront plus tard.
Le staff technique
Mais qui incarnera à long terme le projet? Alain Geiger est en fin de contrat en juillet 2023. Au club depuis 2018, il n’a aucune raison d’être évincé avant la fin de son bail. Depuis son arrivée, il a toujours rempli ses missions, notamment en terme de résultats. Le spectacle, lui, a été de qualité variable. L’audace qui faisait l’essence des Grenat lors de ses premières années a tout de même été oubliée, pour rendre compte d’un jeu un peu trop stéréotypé depuis une grosse année.
Geiger peut-il encore se réinventer? Son staff et lui ont-ils les clés pour sortir Servette de la routine dans laquelle ils sont naturellement installés? Après quatre ans, les interrogations sont légitimes. Surtout si la politique de club devait légèrement évoluer. Pour tout dire, c’est une des questions que tant l’entraîneur de 61 ans que ses dirigeants sont dans l’obligation de se poser. Parce que Servette doit aussi penser un peu plus loin que le contrat de son coach, et parce que celui-ci doit aussi toujours se reconnaître dans le projet.
Les joueurs
Chantier ultime, bien sûr. À vrai dire, si le contingent servettien devait beaucoup bouger cet été, personne ne serait vraiment surpris. Il y a le départ promis d’Imeri, les aspirations des uns et des autres (Cognat, Diallo), les contrats qui ne sont toujours pas réglés chez certains cadres (Sasso, Clichy). Entre autres. Geiger a réclamé quelques cadres d’expérience pour que son groupe reste crédible, ainsi que pour encadrer les jeunes.
Pour compenser les départs, cela s’imposera. Mais il ne s’agira pas de présupposer de la qualité de l’effectif non plus. Servette a un sérieux besoin de renforts, et en particulier dans le secteur offensif. Il doit pouvoir amener de la variété dans la créativité, mais aussi de l’activité dans les déplacements sans ballon chez les attaquants. Lister les priorités dans le recrutement, c’est l’essence même du travail à venir de Philippe Senderos.