CyclismeCommentaire: le Tour est magique!
C’est Annemiek Van Vleuten, qui était malade lundi et au bord de l’abandon mardi, qui a remporté ce dimanche à la Super Planche des Belles Filles la première édition d’un Tour de France Femmes passionnant.


Le Tour de France est vraiment une épreuve magique, il vous donne des forces insoupçonnées pour aller plus vite et plus loin dans la souffrance pour réussir parfois des miracles. Sans forcément passer par Lourdes.
Vous pouvez être à l’agonie le lundi, «vraiment au bord de l’abandon» le mardi, sans force, incapable de vous alimenter et avec cette chaleur de vous déshydrater, puis, après avoir été encore un zombie le mercredi, voler, comme par enchantement, dans la montagne le samedi. C’est ce qui s’appelle aussi la glorieuse incertitude du sport! Inexplicable.
Déjà victorieuse du Giro le mois dernier, Annemiek Van Vleuten, cette force de la nature, âgée de 39 ans, est une miraculée. Dame! La Hollandaise peut donc remercier toutes ses coéquipières de l’avoir incité à continuer, à serrer les dents, toute la semaine. Et son médecin, ce héros, qui a trouvé le bon traitement pour soigner ses problèmes gastriques au bon moment. Il mérite lui aussi un maillot jaune.
Car celle qui était si mal en début de semaine, quasi à l’article de la mort, s’est refait une sacrée santé dans les Vosges pour enrhumer à son tour toutes ses adversaires et s’offrir le Graal au final, en y ajoutant encore une couche et du panache ce dimanche dans la Super Planche des Belles Filles.
Il y avait presque un peu de Jonas Vingegaard dans les attaques de cette grimpeuse puissante, même si elle a fini presque au ralenti dans les derniers mètres de cette terrible ascension. Preuve que rien n’a été facile pour elle dans ce Tour de souffrance. Mais quel joli tour de force et happy end pour «Boulimique» Van Vleuten, cette immense championne du monde et olympique qui va mettre un terme à sa carrière au terme de la saison prochaine, à 40 ans.

Il y avait un peu de Vingegaard dans les attaques de Annemiek «Boulimique» Van Vleuten…
AFPAvec Marianne Vos, l’autre légende batave du peloton féminin, qui avait dominé le début de semaine (avec deux victoires), ce sont de grandes dames qui ont dominé une épreuve passionnante avec du spectacle et des attaques tous les jours, de Paris à la Super Planche des Belles Filles, dont une Élise Chabbey qu’on a beaucoup vue en tête du peloton et une Marlen Reusser qui a su saisir sa chance pour remporter une belle étape mercredi à Bar-sur-Aube. On en a eu des frissons.
Même s’il y a eu beaucoup de chutes en cascade - comme chez les hommes - avec des jeunes coureuses qui n’avaient peut-être pas trop d’expérience pour pédaler aussi vite dans une course de ce niveau, il y avait beaucoup de fraîcheur dans ce cyclisme féminin où on ne calcule pas. Si elles ont les jambes, les coureuses n’attendent pas le dernier moment pour placer une attaque. Peut-être qu’il serait toutefois judicieux de revoir le nombre d’équipes au départ, de passer à seize au lieu de vingt-quatre pour éviter parfois des situations rocambolesques dans le peloton. C’est une des questions que se posent Marion Rousse, directrice de ce Tour et son équipe à l’heure du bilan.
Reste que cette première édition du Tour de France Femmes new look, disputée sur huit jours juste après l’arrivée des hommes à Paris, a été un franc succès. Il n’y a jamais eu autant de monde aux départs, aux arrivées et aux bords des routes lors d’une course féminine tout en battant en plus des records d’audience à la télévision avec plus de 2 millions de téléspectateurs.
Oui, le Tour de France est vraiment magique.