EnvironnementLes poissons natifs de Suisse fortement menacés
Plus de la moitié des espèces de poissons natives de Suisse sont menacées d’extinction ou sont déjà éteintes dans les cours d’eau et les lacs de ce pays alpin, selon une nouvelle étude publiée mercredi.

Le nombre des espèces indigènes évaluées est passé de 55 à 71.
AFPSur 71 poissons indigènes et poissons sans mâchoires (les cyclostomes), 34 sont menacés d’extinction dans les eaux suisses, comme l’anguille européenne qui est en danger critique de disparaître, a expliqué l’Office fédéral de l’environnement (OFEV) dans son étude.
Neuf autres espèces ne se trouvent déjà plus en Suisse, souligne l’étude qui porte sur environ 70'000 poissons et classe les espèces natives selon les critères de l’Union internationale pour la conservation de la nature, qui compile la liste Rouge des espèces menacées et éteintes. La mise à jour, achevée en 2022, est la première depuis 2007.
Neuf espèces indigènes sont passées dans une catégorie de menace plus élevée qu’au cours du précédent recensement, notamment l’anguille d’Europe ou anguille commune (Anguilla anguilla), la Loche franche et l’ombre commun.
Le nombre des espèces menacées est passé de 24 à 34
Côté bonnes nouvelles, la carpe commune, le silure glane et le telestes muticellus ou vairone, dont les populations se portent mieux et sont moins menacées qu’en 2007. Le nombre des espèces indigènes évaluées est passé de 55 à 71, dont cinq pour lesquelles les données sont insuffisantes s’agissant de tirer une conclusion sur la menace.
«La liste rouge de 2007 montrait déjà une situation précaire pour les poissons», explique, la directrice adjointe de l’OFEV, Franziska Schwarz, dans le document mis à jour. «Globalement, le nombre d’espèces de poissons menacées continue d’augmenter, contribuant ainsi à une érosion de la biodiversité piscicole», peut-on encore lire dans le document.
Le réchauffement climatique
La Suisse est connue pour ses grands lacs à Genève, Constance, Neuchâtel ou encore Lucerne mais aussi ses fleuves comme le Rhin, le Rhône et l’Aar. Le rapport souligne que les activités humaines menacent les poissons, en particulier la pollution de l’eau, la dégradation de l’habitat et la production d’hydroélectricité, une source importante d’énergie en Suisse. Et à cela viennent s’ajouter le réchauffement climatique et la concurrence des espèces non-indigènes.
Des «efforts considérables» pour arrêter les fortes pollutions et améliorer le traitement des eaux usées ont eu un impact positif, bien que les petites rivières qui traversent des zones d’agriculture intensive contiennent beaucoup de micropolluants. Les neuf espèces indigènes aujourd’hui considérées comme éteintes en Suisse sont l’esturgeon européen, la grande alose, le huchon, la lamproie de rivière, le loche d’étang, la lamproie marine, le saumon atlantique, la truite de mer et le jaunet.
Tout esturgeon européen capturé dans les bassins suisses des lacs Majeur et de Lugano «provient probablement de fermes piscicoles ou d’étangs privés en Italie», souligne le rapport.