HOCKEY SUR GLACE«J’imaginais que le LHC était un club comme un autre»
Beat Kindler, gardien emblématique de Lausanne entre 1991 et 2003, ne pouvait pas rater les festivités du centenaire. Il évoque l’un des amours de sa vie.


Beat Kindler pose devant la gouille de Sainte-Catherine, sur les hauts de Lausanne, là où le LHC a vécu ses premières heures.
DRBeat Kindler faisait naturellement partie de la délégation qui s’est rendue en pèlerinage, jeudi dans le car officiel du LHC, sur les bords de la gouille Sainte-Catherine. C’est là, à 900 mètres d’altitude sur les hauts de Lausanne, qu’une patinoire avait vu le jour en 1902, avant d’être désaffectée en 1939 – il valait mieux planter des patates, en ce temps-là. L’ex-gardien bernois, qui n’a plus quitté la région depuis son arrivée de Lyss en 1991, jette un regard ému sur les lieux. Le LHC aura exactement un siècle le 23 janvier et pour celui qu’on surnommait le Marsupilami, cela signifie beaucoup.
Le LHC qui boucle son premier siècle, ça vous inspire quoi?
Un club qui vit 100 ans, c’est extraordinaire en soi. Et comme j’ai un tout petit peu participé à cette histoire (sourire), cela signifie encore plus pour moi. Le fait de me retrouver là (ndlr: au bord de la gouille de Sainte-Catherine, là où le hockey lausannois a connu ses premières heures), de se dire qu’il y a eu une patinoire ici, c’est incroyable – surtout quand on pense à la Vaudoise aréna. C’est une grande fierté pour moi de faire partie de ce club, tellement aimé ici à Lausanne.
Qu’a-t-il de si spécial, ce club?
Quand j’ai quitté Lyss pour Lausanne (ndlr: en 1991), on me disait déjà que je rejoignais un grand club – même si les deux équipes évoluaient alors en LNB. J’imaginais que le LHC était un club comme les autres, mais non… J’ai découvert un club qui suscite un amour incroyable auprès des gens, des supporters. Malgré toute la merde que nous avons connue, durant des années, les gens étaient toujours là malgré tout. Cela montre à quel point le LHC est dans le cœur des Lausannois et des Vaudois. J’ai connu énormément d’émotions ici, bonnes ou mauvaises.
«Tout ce que j’ai connu ici, du fond du cœur, personne ne pourra me le reprendre»
Qu’est-ce que cela vous fait de voir votre maillot suspendu à vie au-dessus du kop?
Comme je le disais encore hier (ndlr: mercredi) à ma femme, c’est quand même une sacrée fierté d’être élu parmi les six légendes du club, c’est énorme pour un gaillard comme moi, qui vient d’où il vient. Ce maillot retiré, cela ne m’a pas permis de payer la bouffe. Mais cela représente beaucoup. Et tout ce que j’ai connu ici, du fond du cœur, personne ne pourra me le reprendre.
Quels furent le pire et le meilleur moment?
Je vais commencer avec le pire, comme ça c’est fait. Le pire pour moi, c’était en 2001, quand Thomas Östlund est arrivé (ndlr: gardien suédois transféré de Fribourg par le coach Riccardo Fuhrer). J’avais été écarté et cela m’avait énormément touché. Cela reste comme une grosse blessure pour moi, presque un sentiment de trahison. C’est dur d’avoir le sentiment de ne plus inspirer confiance à quelqu’un.
Et le meilleur souvenir?
C’est dur, il y en a tellement… Il y a la montée de 1995 en LNA bien sûr, un moment extraordinaire. C’était fou de partager ce succès, cette euphorie avec tous les gens. Mais de nouveau, des grands souvenirs, il y en a beaucoup, avec les 9000 spectateurs de Malley.
Et aujourd’hui, quel est votre regard sur la vie du club?
Beaucoup de choses ont changé et comme chacun sait, je ne suis pas trop en phase avec cette histoire de professionnalisme à l’extrême. Mais il faut faire avec, c’est comme ça. J’espère qu’un jour, le club trouvera le droit chemin, avec des gens qui s’engagent sur le long terme pour l’institution. Comme tous les Lausannois, je souhaite que le LHC parvienne une fois en haut de la hiérarchie. Mais pour ça, il faut que tout le monde tire dans la même direction.