Bosnie: Des Serbes protestent contre l’inculpation de leur chef  

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BosnieDes Serbes protestent contre l’inculpation de leur chef

Milorad Dodik est accusé de non-respect des décisions du haut représentant international. En soutien, des Serbes de Bosnie ont manifesté vendredi, sur la ligne qui démarque les deux entités.

Proche allié du Kremlin, sanctionné par Washington et Londres pour avoir multiplié, ces dernières années, des menaces séparatistes, Milorad Dodik a été inculpé pour le non-respect des décisions du haut représentant international en Bosnie.

Proche allié du Kremlin, sanctionné par Washington et Londres pour avoir multiplié, ces dernières années, des menaces séparatistes, Milorad Dodik a été inculpé pour le non-respect des décisions du haut représentant international en Bosnie.

AFP

Plusieurs milliers de Serbes de Bosnie ont brièvement bloqué vendredi la circulation sur des axes routiers entre les deux entités du pays pour protester contre une récente inculpation visant leur chef politique, Milorad Dodik.

«La frontière existe»

Le président de la Republika Srpska (RS, entité des serbes de Bosnie), Milorad Dodik, 64 ans, a été inculpé par le Parquet central du pays pour non-respect des décisions du Haut représentant international en Bosnie, un délit passible de six mois à cinq ans de prison. Annoncé le 11 août, l’acte d’inculpation, qui vise aussi le directeur du Journal officiel de l’entité serbe, Milos Lukic, n’a toujours pas été validé par la Cour d’Etat.

«C’est la dernière ligne rouge pour la RS. Nous allons protéger nos biens, nos institutions, parce que si on nous en prive, on n’existera pas. La RS est sacrée et nous la défendrons», a déclaré à l’AFP Anja Ljubojevic, vice-présidente du Parlement de l’entité serbe, qui a participé au rassemblement de plusieurs centaines de personnes dans la banlieue de Sarajevo. Dans le cortège, les manifestants brandissaient un portrait de Milorad Dodik, un autre à l’effigie du président russe Vladimir Poutine, et des drapeaux de l’entité serbe et de la Russie, a constaté l’AFP. Avec pour mot d’ordre «La frontière existe», des manifestations ont été organisées simultanément dans la région de Tuzla et de Doboj (nord), de Nevesinje (sud-est) et de Sarajevo, rassemblant plusieurs milliers de personnes selon la presse serbe.

Ce genre de manifestation sur la ligne de démarcation entre les entités bosniennes, où il n’existe aucun contrôle de passage formel, est extrêmement rare depuis la fin de la guerre des années 1990, qui a fait près de 100’000 morts. Depuis la fin du conflit intercommunautaire, la Bosnie est divisée en deux entités, une serbe (la Republika Srpska, RS) et une croato-bosniaque, reliées par un faible gouvernement central.

«Violation de l’accord de paix»

Peu après l’annonce de son inculpation, Milorad Dodik avait dénoncé une «persécution politique» régie selon lui par l’ambassadeur des Etats-Unis en Bosnie. Des accusations rejetées comme «ridicules» et «absurdes» par l’ambassade américaine. En juin, il a incité le Parlement de l’entité serbe à adopter deux lois interdisant la mise en oeuvre en RS des décisions de la Cour constitutionnelle du pays et celles du Haut représentant international, qui dispose de pouvoirs discrétionnaires lui permettant d’annuler ou d’imposer des lois et de limoger des élus.

Malgré l’annulation dans la foulée de ces deux textes par le Haut représentant, le diplomate allemand Christian Schmidt, ils ont été promulgués par Milorad Dodik. «Il est temps, trente ans après la malheureuse guerre, que ce pays soit dirigé par des responsables politiques légalement élus dans ce pays. Nous devons remercier les étrangers et ils doivent rentrer chez eux», a déclaré depuis le rassemblement de Sarajevo le Premier ministre de la RS, Radovan Viskovic. Mais le principal parti bosniaque (musulman), le SDA, a dénoncé ces manifestations, affirmant que le blocage des routes entre les entités était une «violation de l’accord de paix».

Proche allié du Kremlin, et sanctionné par Washington et Londres pour avoir multiplié ces dernières années les menaces séparatistes, Milorad Dodik rejette l’autorité de Christian Schmidt, qu’il qualifie régulièrement d’«illégitime». La nomination de Christian Schmidt en 2021 par le Conseil de la mise en oeuvre de la paix (PIC), dominé par les puissances occidentales, n’a pas pu être approuvée par le Conseil de sécurité de l’ONU, comme celles de ses prédécesseurs, en raison des réserves de la Russie et de la Chine.

(AFP)

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