CancerL’EPFL trouve comment améliorer l’immunothérapie
En rendant plus rigides les cellules tumorales, des chercheurs sont parvenus à mieux les attaquer, augmentant les chances de guérison.


Li Tang, Kewen Lei et Armand Kurum ont fait une découverte étonnante et très prometteuse.
Alain Herzog/EPFLL’immunothérapie est l’un des traitements appliqués contre le cancer. Il consiste à doper les cellules immunitaires du corps humain, appelées cellules T, pour qu’elles soient plus fortes pour combattre les cellules tumorales. Ce sont également ces mêmes cellules T qui sont renforcées par le vaccin contre le coronavirus.
Mais le problème, c’est que seul 20% des patients atteints d’un cancer sont sensibles à l’immunothérapie, vu la complexité de la maladie. Pour augmenter ce pourcentage de patients réceptifs, «nous devons développer différentes approches qui, nous l’espérons, pourront se combiner entre elles», déclare Li Tang, professeur et directeur du laboratoire de biomatériaux pour l’immuno-ingénierie à la Faculté des sciences et techniques de l’ingénieur de l’EPFL. Son équipe vient d’ailleurs de faire une découverte étonnante.
Un moyen de camouflage
Kewen Lei et Armand Kurum, deux doctorants du laboratoire, ont remarqué que la paroi des cellules cancéreuses se révèle plus molle que celles de cellules saines. Pourquoi, cela reste un mystère, mais cela constitue toutefois un moyen de défense redoutable. Cette mollesse induit en erreur les cellules T: «Il s’agit d’une technique de camouflage imparable. Lorsqu’une cellule T tue une cellule cancéreuse, elle recourt à sa force. Si la membrane de la cellule cancéreuse se trouve molle, il y a moins de résistance et cela devient plus difficile à la briser», explique Armand Kurum. Du coup, la cellule T passe son chemin.

Cellule T (verte) détruisant une cellule cancéreuse rigidifiée (violette).
Kewen Lei et Li Tang/2021 EPFL et MyScimageLes chercheurs ont ensuite découvert que le responsable de cette mollesse est le cholestérol présent dans les parois des cellules cancéreuses. En utilisant un médicament courant contre le cholestérol, ils sont parvenus à rendre les cellules plus dures et donc reconnaissables par les cellules T. Ils ont testé leur cocktail anticholestérol et immunothérapie sur des souris. Les animaux qui n’avaient reçu que l’un des deux traitements sont tous morts. Mais avec la combinaison des deux, la moitié a guéri du cancer, ce qui est très prometteur. Prochaine étape: concilier cette technologie avec d’autres innovations pour booster les cellules T. Les résultats de cette étude ont été publiés dans «Nature Biomedical Engineering».