JO 2022 – Commentaire: Un diplôme de plus! Mais doublement en bois…

Il n'y a qu'en Suisse qu'on sait ce que c'est. Dans les médias, on évite généralement d'en parler, mais Swiss Olympic s'en gargarise régulièrement. Jeudi, l'équipe de Suisse n'a d'ailleurs pas hésité de se vanter de la 4e place de Justin Murisier en combiné alpin, par exemple.

Le tweet de la Fédération: «Diplôme pour Justin Murisier, Applaudissements, Seuls 18 centièmes le séparent des médailles en tant que 4e du combiné alpin. Luca Aerni et Loic Meillard sont éliminés en slalom, Yannick Chabloz chute en descente..»

OK, on aime le chocolat chez nous, les diplômes rapportent quelques sous aux diverses fédérations, mais il faudrait quand même garder un poil de crédibilité au moment de jubiler. Et aussi prendre un peu de recul avant de remettre des médailles pour des trucs ultra confidentiels, alors que c’est censé être la récompense de toute une vie de labeur pour de nombreux athlètes!

Le pire, c'est quand des diplômes finissent par être remis à absolument tous les participants d'une épreuve. En soirée, à Zhangjiakou, a eu lieu le concours de ski acrobatique par équipes mixtes. Déjà rien que l'intitulé fait baisser à coup sûr les cotes d'audience de 96%, j’imagine. Pourtant, c'est sympa à regarder hein, même s'il ne faut pas me demander quel athlète a fini par réussir tous les full-fulls-backs à son programme ou pourquoi le Suisse Pirmin Wenger n'a hérité que de 109 points lors de la finale, alors qu'il avait fait plein de tours quand même.

Mais revenons à l'école des fans. Jeudi, dans la zone du freestyle sise à quelque 200 kilomètres de Pékin, il y avait six équipes en lice pour le titre olympique de ski acrobatique par équipes mixtes: le Bélarus, la Russie, la Suisse, le Canada, la Chine et les Etats-Unis. Dans l'ordre inverse du classement final. Les quatre meilleures nations de la manche de qualification passaient la rampe en finale pour le titre et le podium. Mais ça veut quand même dire que tous les participants sans exception obtenaient un diplôme et une équipe sur deux une médaille!

Thomas Bach était dans les tribunes - sans exhiber Peng Shuai cette fois, tiens… - et on espère qu'il a quand même eu un peu honte. OK pour démocratiser (sic) certains sport. OK pour féminiser la pratique de certaines disciplines et montrer à la planète entière que les femmes peuvent le faire. Mais on n'est pas bien sûr que c'est rendre service à certains sports que de leur infliger des choses pareilles. La finale de ce jeudi, faite de quatre équipes de trois sauteurs - deux hommes et une femme! -, a dû durer à peine 18 minutes...

Je ne veux surtout rien retirer à ces athlètes, hein. Moi je me serais fait un genou en mettant les skis et je me serais cassé le reste avant même le tremplin. Les «aerials», en plus, c'est absolument dingue à voir en vrai et ça a failli me faire débattre avec moi-même pour savoir si ça ne rentrait pas direct dans le top 5 de mes sports d'hiver préférés. Mais j'ai une pensée quand même pour la pauvre Suissesse Alexandra Bär, qui a remplacé au ski levé la blessée de dernière minute Carol Bouvard, mais qui n'avait absolument pas le niveau olympique. La Zurichoise, qui fêtera ses 20 ans la semaine prochaine, a reçu là un cadeau empoisonné. Elle a essayé de plaquer tant bien que mal des sauts largement moins bien notés que ses concurrentes, mais a craqué sur le second.

Le pire? Le pire c'est que la Suisse a pu croire à la médaille presque jusqu'au bout, grâce au talent exceptionnel de Pirmin Wenger et de Noe Roth. On se réjouit très fort de les retrouver en individuel, parce que là, la médaille - mais pas le diplôme, quand même, il ne faut pas déconner - aura une vraie signification. Par équipes mixtes, la Chine a réussi à récolter de l'argent, alors qu'un de ses sauteurs a inventé une réception manquée, mais sauvée d'un saut périlleux avant totalement involontaire!

Ca par contre, ça valait au moins un diplôme.