Motocyclisme: Chez Ducati, il va falloir causer…

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MotocyclismeChez Ducati, il va falloir causer…

Jack Miller a clairement démontré, au Japon, que la Ducati Desmosedici était nettement la meilleure moto du moment. Pas sûr pour autant que l’un de ses pilotes soit couronné le 6 novembre à Valencia…

par
Jean-Claude Schertenleib

À force de rappeler qu’il n’y a pas d’ordre d’équipe chez Ducati (enfin…), la marque italienne et son
meilleur atout au championnat du monde, Francesco «Pecco» Bagnaia, se sont peut-être tiré une magistrale balle dans le pied, à Motegi. Une chose est certaine, le team-manager de Borgo Panigale, Davide Tardozzi, était fou de rage pendant, et plus encore après la course, lorsqu’il s’est précipité dans le stand du team Gresini Racing où évolue Enea Bastianini.

Pour dire quoi? Peut-être pour rappeler la règle tacite émise depuis plusieurs semaines: «Si vous êtes en mesure de gagner la course, jouez votre propre carte mais, svp, ne faites pas de bêtises avec «Pecco». Le problème, à Motegi, c’est que Bagnaia n’était pas dans son assiette depuis la veille, depuis ces essais ratés sur une piste glissante et ces interrogations pour lesquelles il ne trouvait pas de réponse. Comme lors de ces mêmes qualifications, Bastianini s’en était encore moins bien sorti (chute), les deux hommes qui avaient offert un duel extraordinaire une semaine plus tôt pour la victoire (donc… un duel autorisé selon l’accord) se sont retrouvés cette fois en bagarre au milieu du peloton.

Et «Bastia» n’a fait aucun cadeau à son futur équipier dans le team usine, ce qui a eu l’heur de déstabiliser encore plus le premier dauphin de Quartararo au championnat. Un dauphin qui allait faire la gaffe finale dans le dernier tour, en tentant une attaque plus qu’optimiste sur le pilote français… huitième place en jeu. Corollaire, alors qu’il croyait pouvoir marquer un point de plus que le champion du monde en titre, «Pecco» s’est retrouvé à terre. Et l’avance de Quartararo de passer de 10 à 18 longueurs. Une série de séances de crise est programmée ces prochains jours…

Bagnaia s’applaudit… pour son erreur

Alors que Tardozzi hausse le ton dans l’un de ses teams clients, on voit Bagnaia se relever et s’applaudir. Précision: il s’en est fallu de quelques centimètres pour que Quartararo ne soit également éliminé dans la même action: «Dès que je suis tombé, j’ai applaudi la «connerie» que j’ai commise, je me suis traité de moins que rien. Ma course fut très compliquée. Etrangement, je n’avais pas de motricité. Je ne pouvais que freiner fort, mais en agissant de la sorte, la pression du pneu avant a augmenté. Dans le dernier tour, c’était mieux, j’ai pu doubler (Bastianini), mais la manœuvre engagée sur Fabio (Quartararo) était trop ambitieuse. J’étais un peu en retrait, mais j’ai néanmoins essayé, heureusement que je n’ai pas accroché mon adversaire», avouera dans la soirée Bagnaia.  

Aprilia: une erreur qui coûte cher

Si les sentiments étaient partagés chez Ducati – tout le monde s’est réjoui de la course parfaite de Jack Miller, qui a évolué sur un autre niveau que tous les autres au Japon -, les visages étaient très tendus chez Aprilia. Car c’est même avant le départ de ce GP du Japon qu’Aleix Espargaró, l’autre prétendant au titre suprême, a perdu toutes ses chances, lui qui a dû passer par son stand et changer de moto après le tour de chauffe. Que s’est-il passé?

«Une erreur sur la grille, les techniciens ont oublié de supprimer la cartographie d’économie de carburant, qui limite le régime du moteur à 5000 tours. Nous appelons ce système électronique «éco-map» et il était enclenché pour le tour d’entrée en piste. Avec ce système, la moto ne va pas plus vite que 100 km/h; j’ai tout essayé pendant le tour de chauffe, mais ça n’a pas marché. Il me restait à sauter sur ma moto de réserve, qui était montée avec un pneu arrière tendre, qui ne me convenait pas».

Résultat: reparti derrière tout le monde et malgré les abandons de Nagashima (chute), Tsuda (sa Suzuki a pris feu), Darryn Binder (chute) et Alex Rins (problème de frein à l’avant), l’aîné des frères Espargaró a dû se contenter du seizième rang. Or, on attribue des points mondiaux jusqu’à la quinzième place…

Quartararo déçu, mais calculateur

Bagnaia et Aleix Espargaró qui repartent bredouilles du Japon, la huitième place du leader du championnat du monde, Fabio Quartararo, n’est finalement pas mauvaise: «Vu les circonstances et ce qui s’est passé, je dirais que c’est mieux de prendre 8 points que de les perdre. C’est bien d’un côté, mais c’est frustrant de l’autre. Aujourd’hui, notre potentiel n’était assurément pas de nous battre avec Jack (Miller), mais avec Marc (Márquez) et Miguel (Oliveira). Or, il m’était impossible de dépasser. Nous pilotons tous d’une manière différente, selon les caractéristiques de nos motos. Si j’avais été devant, j’aurais pu rouler beaucoup plus vite. Mais au cœur du peloton, il n’y a rien à faire».

Le sourire de Marc Márquez

En plus de la joie communicative de Jack Miller, qui va quitter Ducati en fin de saison pour rejoindre son dauphin du jour chez KTM, Brad Binder, c’est bien sur le visage de Marc Márquez que l’on a découvert le plus beau des sourires.

Sa quatrième place a autant, voire plus de valeur que nombreuses de ses victoires: «Je suis très heureux du déroulement de tout le week-end, qui nous a permis de réussir une course excitante. Plus important que le résultat, qui est meilleur que ce que nous attendions, c’est le travail que nous avons réalisé. C’est la première course que je termine depuis mon opération, c’était un excellent test pour mon bras et, dans ce domaine également, nous avons beaucoup appris. Bien sûr que j’aurais aimé terminé sur le podium, mais pour rester réaliste, je crois que c’est une très bonne journée pour nous».

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