Football - Sprinter plus fait-il gagner plus?

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FootballSprinter plus fait-il gagner plus?

La Super League est le championnat européen dans lequel les équipes parcourent le plus de distance à haute intensité. Les spécialistes expliquent comment interpréter cette donnée.

Valentin Schnorhk
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Valentin Schnorhk
Confrontation des extrêmes: Young Boys est l’équipe de Super League qui sprinte le plus, Servette celle qui sprinte le moins.

Confrontation des extrêmes: Young Boys est l’équipe de Super League qui sprinte le plus, Servette celle qui sprinte le moins.

Lafargue

En football, courir vite et longtemps aide-t-il à gagner? Ou, plutôt, être capable d’enchaîner les sprints peut-il donner un avantage important? Young Boys peut plaider l’argumentaire. C’est du moins ce que suggère la lettre hebdomadaire de l’Observatoire du football du CIES de Neuchâtel, diffusée en début de semaine.

L’institut a étudié les championnats majeurs sous l’angle de ces courses à haute intensité (plus de 25,2 km/h, ou 7 m/s) et déterminé que la Super League était le championnat dans lequel la distance moyenne parcourue en sprintant était la plus élevée. Et YB est le club qui en fait le plus en Suisse, seulement devancé par Leeds à plus large échelle (2,33 km pour la formation de Bielsa, contre 2,21 km pour celle de Wagner). Faut-il donc y voir une corrélation entre la domination des Bernois au niveau national (quatre titres de champion de Suisse) et leur capacité à reproduire ces efforts intenses?

Plusieurs éléments déterminants

Pas forcément, estiment les spécialistes. Même si la vitesse prend de l’importance dans le football moderne. «Cette donnée peut être déterminée par plusieurs éléments, évoque Julien Maison, préparateur physique du Lausanne-Sport. Il y a déjà le profil des joueurs à disposition. YB a par exemple plusieurs joueurs offensifs avec un profil de vitesse. Il y a aussi les principes de jeu liés à l’équipe en question. Ils cherchent ainsi à lancer leurs attaquants sur leurs transitions offensives. Forcément, les distances effectuées en sprint par YB sont plus importantes. Et je pense que la Super League est un championnat dans lequel on utilise beaucoup les cinq changements. Peut-être que ça peut avoir une influence sur le montant total.»

«Il faut associer les paramètres athlétiques avec le modèle de jeu et la dynamique du match.»

Mathieu Degrange, préparateur physique du Servette FC

Reste que Julien Maison, qui a auparavant été en fonction à l’AS Monaco et à Bordeaux, ne distingue pas une tendance particulière marquée aux sprints en Suisse. «Si je compare avec les données que j’avais à Monaco à l’époque, je constate que certains postes comme les latéraux ont une tendance moindre au sprint. À l’ASM, les latéraux parcouraient entre 250 et 300 mètres en sprint par match. Au LS, en revanche, ils sont plutôt entre 180 et 200 mètres. Mais c’est bien sûr lié à la manière dont on joue.» Et il ne faudrait donc pas y voir une incidence sur la performance comptable. En attendant, les Vaudois sont avant-derniers à ce classement, avec 30% de moins que le total des Bernois.

Servette sprinte le moins

Mais Servette fait «pire». Dans le championnat où l’on sprinte le plus, c’est l’équipe qui sprinte le moins. Y a-t-il une relation directe avec le fait que les Grenat ne gagnent plus en Super League depuis sept matches, avant de recevoir Grasshopper dimanche? «Non, pas directement, assure aussi Mathieu Degrange, préparateur physique des Genevois. Il faut associer les paramètres athlétiques avec le modèle de jeu et la dynamique du match. Par exemple, nous avons disputé trois matches dans lesquels il y a une expulsion d’un côté ou de l’autre. Mais nous avons un groupe stable, et nous connaissons donc très précisément nos performances. Notre activité générale est semblable à ce qu’elle a toujours été depuis trois ans.» Manière de relativiser le chiffre de 1,48 km par match mentionné par l’étude.

Autrement dit, de par son style plutôt posé et axé sur la possession du ballon, Servette est sujet à effectuer moins de sprints en général qu’une équipe qui cherche la transition, comme beaucoup de formations de Super League. «En moyenne, nous effectuons 1,7 km de sprints par match, même si cela est variable, détaille-t-il. Cela dit, nous savons que notre performance dépend de plus de verticalité, de plus de sprints vers l’avant. Nous aimerions pouvoir verticaliser plus, en jouant un peu moins dans les pieds. Mais c’est un équilibre à trouver avec notre modèle.» Ou un modèle à ajuster?

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