CommentaireSalut Goran
Bezina, l’un des hockeyeurs romands les plus marquants des 25 dernières années, a raccroché ses patins. Hommage de l’un de nos journalistes qui l’a suivi durant toute sa carrière.


Goran Bezina, un géant qui a raccroché ses patins.
Urs Lindt/freshfocusGoran,
J’aurais bien aimé m’adresser à toi avec un autre titre. Comme «Salut champion». Mais, au moment où ton corps t’a prié d’arrêter de le martyriser après 24 années passées dans les rangs professionnels, le mot n’est malheureusement pas approprié. Tu as certes soulevé un trophée en Autriche, où tu avais effectué une pige en fin de saison. Mais je doute que la médaille reçue à Salzbourg soit devenue un élément décoratif de ton salon.
Même si tu n’as pas marqué l’histoire du hockey suisse par ton palmarès, tu l’as marquée avec d’autres ingrédients, qui expriment tout simplement ce que tu es.
Un tout grand.
Ne rougis pas - d’ailleurs cela n’est pas ton genre -, mais, alors que j’ai eu le privilège d’assister à ton premier match et ton dernier match dans les rangs professionnels, ainsi qu’à quelques centaines d’autres au milieu, sache que…
J’ai aimé ton tempérament. Tu n’as jamais rechigné à t’extraire d’une zone de confort dans laquelle se rassurent tant de joueurs que tu as fréquenté sur une base quotidienne. Pour vivre ton rêve éveillé, tu as usé quelques paires de pantalons dans les autobus utilisés par les hockeyeurs des ligues mineures en Amérique du Nord, tu as essayé la KHL, tu n’as jamais refusé un défi qui te permettait d’effectuer un pas en avant.
«L’impossible t’a toujours semblé possible.»
J’ai aimé ton arrogance. Car cette arrogance ne signifie pas que tu étais hautain ou irrespectueux. Sur la glace, tu n’avais peur de rien, l’impossible t’a toujours semblé possible. Et, toi qui as été un «enfant de Krueger» en équipe de Suisse, tu as toujours diffusé ce message dans tes clubs et passé quelques savons à tes coéquipiers adeptes de la suffisance. C’est notamment grâce à ce trait de caractère que tu as été l’un des architectes de l’une des chapitres les plus aboutis de l’histoire du hockey suisse. Le 2-0 contre le Canada en 2006 aux JO de Turin.
«Tu as été fidèle à tes principes.»
J’ai aimé ta fidélité. Et je ne parle pas que de ta longue union prolifique avec GE Servette - d’ailleurs, j’espère que les Aigles penseront un jour à retirer ton numéro. Tu as été fidèle à l’équipe de Suisse, à tes principes et n’a jamais envisagé de transiger avec un coach qui t’a demandé de changer. Où que tu te trouvais dans le monde, comme après ton premier match en NHL, tu m’as aussi toujours été fidèle, tu as toujours trouvé 10 minutes pour retourner un appel. Sois-en chaleureusement remercié et sache que tu ferais un excellent responsable de la communication dans un club professionnel.
J’ai aimé tes valeurs. Tu es Valaisan, tu as fini ta carrière dans ton canton, dans une patinoire pourrie, dans un vestiaire déglingué. Même si tu avais ralenti, tu ne t’es jamais comporté comme une star. Tu as encadré les jeunes et ne t’es jamais départi de ton sourire.
J’ai encore aimé beaucoup d’autres de tes accomplissement, Goran.
J’espère en pouvoir en apprécier davantage, bientôt, autour des patinoires. Car le milieu serait bien sot de pas faire appel à tes compétences dans d’autres fonctions.