Jura bernoisIl protège ses moutons, on le lui reproche
«Attention! Chiens agressifs!!!» a écrit un mécontent sur un écriteau posé par un éleveur qui s’est adjoint des chiens de protection

Ses chiens de protection fâchent des randonneurs: ça, l’éleveur de moutons Ronald Sommer le savait, lui qui reçoit des messages écrits et oraux à ce sujet. Mais jeudi, un mécontent en voiture a écrit «Attention! Chiens agressifs!!!» sur un panneau d’avertissement. Une plainte sera déposée.
«Protéger ses moutons, c’est devenu une obligation», relève l’éleveur Ronald Sommer, qui garde 450 moutons à Monible (BE), près de la frontière jurassienne. Les pâturages loués à la bourgeoisie sont ceinturés par une clôture électrifiée de quatre fils déroulée sur 2500 mètres, mais un chemin interdit à la circulation les traverse et les quatre portails sont des passages potentiels pour le loup. D’où la présence de trois chiens de protection.
Dans le Vercors
Ses bergers d’Anatolie, Ronald Sommer les a achetés en France, deux mois après leur naissance, à Vesoul et au-delà de Grenoble, dans le Vercors. Scotch et Sanga ont deux ans et une petite Pépette est née ce printemps. Depuis qu’ils sont au pâturage, après 18 mois d’apprentissage à l’écurie, ces chiens n’ont mordu personne, mais ils poursuivent les randonneurs qui passent au pas de course et les cyclistes qui ne descendent pas de vélo.
Ses panneaux indicatifs, Ronald Sommer les a fait fabriquer sur mesure, avec une description précise du comportement à adopter. Ainsi, il ne faut pas passer en courant, à cheval ou sur un vélo. Il s’agit de pousser son VTT, de descendre de cheval, de marcher en tenant les enfants par la main et de parler fort pour signaler sa présence. Il est interdit de caresser les chiens de protection et de traverser le champ clôturé avec son propre chien.
La meilleure mesure
«Mes chiens font peur, ne serait-ce que par leur format», admet Ronald Sommer. Le message que cet éleveur veut faire passer, c’est que «le chien est la meilleure mesure de protection». Les mesures exigées, cet éleveur ne les a pas choisies: il les subit.
«On n’aurait pas accepté le retour du loup si on nous avait dit la vérité sur ce qu’implique la protection des animaux de rente», soupire Ronald Sommer. Entre les autorités et les randonneurs il se sent comme entre le marteau et l’enclume. Jusqu’ici, le loup a épargné ses moutons.