Agriculture et climat: Le lobby paysan impose sa loi au Parlement

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Agriculture et climatLe lobby paysan impose sa loi au Parlement

Le Conseil national a voté la politique agricole à l’horizon 2030. La gauche et les vert’libéraux ont échoué à demander davantage en matière d’environnement ou de climat.

Eric Felley
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Eric Felley
«L’agriculture suisse est résiliente et productive» a défendu le conseiller fédéral Guy Parmelin.

«L’agriculture suisse est résiliente et productive» a défendu le conseiller fédéral Guy Parmelin.

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Le Conseil national a repris mercredi et jeudi le dossier de la politique agricole PA22+, que le Conseil des États avait passablement avancé lors de la dernière session de décembre dernier. Le débat a porté sur une vingtaine de propositions minoritaires visant à verdir cette politique en lui imposant des objectifs environnementaux. Sophie Michaud Gigon (V/VD), Samuel Bendahan (PS/VD) ou Kathrin Bertschy (VL/BE) ont défendu tour à tour des mesures incitatives contre les gaz à effets de serre, en faveur du climat, de la protection des animaux ou des consommateurs.

Mais la droite du Parlement a fait bloc derrière les positions du monde paysan bien représenté à Berne. Markus Ritter (C/SG), président de l’Union suisse des paysans, a prévenu que si le Parlement suivait les propositions de la gauche et des vert’libéraux, les agriculteurs devraient supporter des coûts supplémentaires et des baisses de recettes «de 500 à 600 millions de francs par an».

Invitation à la campagne

En charge de l’économie, Guy Parmelin était sur la même longueur d’onde. Il a rappelé que le peuple a refusé récemment les deux initiatives sur la diminution des pesticides et contre l’élevage intensif, ce qui légitime une agriculture suisse orientée vers la productivité. Face à la vingtaine de propositions écologiques, il a lancé une invitation: «J’invite ceux parmi vous qui s’intéressent vraiment à ce qu’il se passe dans les campagnes à aller voir concrètement ce dont il s’agit en matière de contraintes. Il n’est absolument pas simple de diminuer encore l’utilisation des pesticides…»

Des mesures déjà en route

Guy Parmelin a contesté le fait que la Confédération ne se préoccupait pas d’une agriculture plus propre et durable. Il a cité la nouvelle exigence de 3,5 pour cent de surface des terres assolées pour la biodiversité et du train d’ordonnances pour une eau potable propre. Dans le domaine des produits phytosanitaires, il a relevé la réduction des risques de 50 pour cent d’ici 2027, l’interdiction des produits phytosanitaires avec un potentiel de risques élevés, les mesures contre les lessivages et la dérive. L’agriculture doit également réduire les pertes d’azote et de phosphore de 20 pour cent d’ici 2030. «Dire que le projet que vous traitez a été expurgé de tous les éléments en matière de protection des eaux, de protection de l’environnement et de protection de la nature, c’est clairement faux».

Subvention à la prime contre les risques naturels

Toutes les propositions vertes ont donc été refusées systématiquement par la majorité UDC-PLR-Centre, sauf une de Kathrin Bertschy concernant la qualité de recourir des organisations de protection de la nature dans le processus d’homologation des produits phytosanitaires. La majorité a aussi réussi à maintenir dans le projet une aide de la Confédération durant huit ans pour le paiement des primes d’assurance contre les risques naturels. Actuellement, seuls 15% des surfaces en Suisse sont couvertes par ce biais. Guy Parmelin espère que cette aide plafonnée à 30% permettra d’augmenter cette proportion au moment où les événements climatiques deviennent plus extrêmes.

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