CommentaireCesla Amarelle: un bel autogoal pour la gauche vaudoise
L’Alliance de Gauche avait largement les moyens de conserver la majorité ce dimanche dans le canton de Vaud. Mais son électorat s’est détourné d’une de ses élues d’une manière tout à fait incompréhensible.


Un vote compact, disaient-ils. À la fin, Cesla Amarelle a été tracée partout dans le canton.
FB/DRLes résultats de ce deuxième tour des élections vaudoises pour le Conseil d’État ont montré que la gauche a réussi à mobiliser ses troupes, puisque les deux premières places sont revenues aux conseillères d’État socialistes sortantes, Nuria Gorrite et Rebecca Ruiz avec plus de 90 000 voix et 55% des suffrages. C’est bien davantage que Christelle Luisier (PLR) élue au premier tour avec 50%. L’écologiste Vassilis Venizelos, qui n’était de loin pas le favori des bookmakers, a réussi à revenir dans la course en passant de la 9e à la 6e place.
16 000 voix derrière
Donc tout aurait dû bien se passer. Après la misérable participation du premier tour, à Lausanne, 9000 personnes de plus sont allées voter ce dimanche. L’alliance rose-verte a enclenché le turbo depuis le 20 mars. L’appel a été lancé de voter compact à gauche, comme à droite. Comment expliquer, dès lors, que Cesla Amarelle se retrouve à 16 000 voix de sa collègue Nuria Gorrite?
Certes, Cesla Amarelle n’est pas la plus populaire des élues, elle est plus intellectuelle, plus conceptuelle à la tête du Département de la formation, de la jeunesse et de la culture, mais quand même… Au vu des résultats, ce n’est pas la gauche qui a fait un mauvais résultat dans le canton de Vaud, mais celles et ceux qui ont littéralement lâché et tracé Cesla Amarelle. La gauche avait largement les moyens de conserver la majorité ce dimanche. Mais son électorat s’est détourné d’une de ses élues d’une manière incompréhensible. Cette situation relève d’un sabordage, qui laissera des traces dans les esprits.
Victoire en demi-teinte à droite
La droite en profite donc pour reprendre la majorité. Mais là aussi la victoire n’est pas aussi belle qu’espérée lors du premier tour: c’est-à-dire faire passer la bande des cinq au complet. Ces élections ont été marquées par la création d’une alliance réunissant le PLR, l’UDC et le Centre. Les cinq candidates et candidats ont fait une campagne ensemble comme une bande de copains-copines. L’aventure potache laisse aujourd’hui un compère sur le carreau, qui a «un œil qui rit et un qui pleure», selon son expression.
Michaël Buffat ne reprendra pas le fauteuil de Jean-Claude Mermoud disparu en 2011. C’est une quasi inconnue d’origine zougoise, Valérie Dittli, 29 ans, soutenue à fond par le PLR, qui lui grille la politesse. Le candidat de l’UDC n’a pas démérité dans cette campagne, où il est apparu pour la première fois peut-être, comme quelqu’un de sympathique. Mais, entre les deux tours, il a perdu 7000 suffrages sur Valérie Dittli. De quoi, comme Cesla Amarelle, se poser aussi des questions sur les mystères du vote compact.