Hockey sur glaceA Bienne, Elien Paupe se sent négligé
Délaissé par son entraîneur Antti Törmänen, Elien Paupe ne sait toujours pas de quoi son avenir sera fait. Un poste de titulaire en Swiss League lui permettra peut-être de rebondir.

Le portier fait échec à un Tigre.
@FreshfocusA 26 ans, Elien Paupe a-t-il les épaules suffisamment solides pour prendre place devant une cage en National League? A en juger l’importance accordée au numéro 41 par son entraîneur Antti Törmänen, il est permis d’en douter. Comme dit le proverbe, patience poussée à bout se tourne en fureur.
La colère ou la rancœur, Paupe ne les extériorise en tout cas pas. Qu’importe le contexte, il ne se départit jamais de son flegme habituel. Son discours trahit néanmoins un malaise grandissant. Doublure de Joren van Pottelberghe au HC Bienne, le Jurassien qui a grandi sur les hauts de Delémont vit une cinquième saison difficile dans le Seeland. Ce sera d’ailleurs sa dernière. Le club ne compte plus sur lui et lui ne comptait pas s’y attarder plus longuement. «Ce n’est pas tous les jours facile. J’ai parfois besoin d’un bon coup de pied aux fesses pour me motiver. Je suis déçu. Déçu que l’on ne m’ait jamais donné ma chance cette saison. Déçu de ne pas avoir pu prouver ce dont je suis capable», dit-il.
Cette saison, Elien Paupe est le gardien No 2 le moins employé parmi les 13 formations de National League. Il n’est même que le 25e rempart utilisé de la ligue avec un temps de jeu cumulé de 309 minutes (86,7% d’arrêts). C’est moins que les 530 minutes de l’année dernière, moins également que les 666 minutes de l’exercice 2019/20, le dernier de Jonas Hiller.
«Parqué» en Swiss League
En rejoignant Bienne il y a cinq ans, le Jurassien passé par le centre de formation du HC Ajoie ne s’attendait pas forcément à gagner ses galons de titulaire rapidement, mais de là à n’avoir droit qu’à quelques miettes de glace en compétition, il y a un fossé dans lequel il ne souhaite désormais plus se languir. «J’essaie tout de même de relativiser. Je ne suis pas malheureux non plus, j’ai quand même la chance de vivre du hockey. Mais je ne suis pas à la place où je devrais être. J’ai envie de jouer, seule la compétition importe.»
Pour ne pas totalement rompre le contact avec le jeu, Elien Paupe a été «parqué» à Langenthal durant la pause olympique l’espace de six journées. Un passage temporaire en Swiss League marqué d’une partie entière devant les filets et une entrée en cours de match. A Bienne, il n’a eu droit cette saison qu’à quatre titularisations et six apparitions au total. La dernière en date remonte au 28 janvier contre Fribourg, «parce que Joren se trouvait en quarantaine», précise Elien. Ce dépannage nécessaire plus que voulu par le coaching staff mettait ainsi un terme à trois mois d’inactivité totale en National League, sa présence précédente remontant au 24 octobre face à Lausanne.
Dans le flou
Trois mois à ouvrir et fermer la porte. «Un trou», comme le nomme l’intéressé, malgré quelques allées et venues à Langenthal entre-temps. «La hiérarchie était claire dès le départ. Joren a pris le «step» l’an dernier. Je pensais néanmoins avoir ma part de matches et être davantage sollicité. Jouer aussi peu, honnêtement, je ne m’y attendais pas.» Elien met le poing dans sa poche tout considérant l’évidence: «J’ai compris que j’avais besoin de changer d’air. On me l’a fait comprendre en tout cas. La séparation avec Bienne se fait à l’amiable.»
Son avenir, pour l’heure, demeure flou. Une opportunité se présentera-t-elle en première division? Est-il davantage taillé pour tenir un rôle d’importance en Swiss League? Il y a quelques semaines, Vincent Léchenne, alors encore directeur sportif et adjoint de Gary Sheehan sur le banc du HC Ajoie, s’était montré plutôt circonspect quant à l’idée de faire venir son ancien poulain en tant que suppléant de Tim Wolf pour le championnat à venir. «Elien a besoin de retrouver confiance et des responsabilités en Swiss League», nous avait confié Léchenne.
«Beaucoup de choses changent en ce moment. Rien n’est fait, tout est ouvert»
Une perspective que ne refuse pas Paupe. «Je ne suis pas prêt à revivre une saison comme celle-ci. Je veux m’engager là où je me sentirai pleinement impliqué et où mon rôle sera clairement défini.» Si son statut officiel fait de lui un employé de National League, son temps de jeu depuis cinq ans se partage entre les deux ligues. A Ajoie (2017/18), La Chaux-de-Fonds (19/20), Olten (20/21) ou en Haute-Argovie cet hiver. «Je ne ferme aucune porte. Ma volonté est d’atterrir là où on compte sur moi et où l’on croit en moi. Pas comme cette année, où je ne suis qu’une roue de secours qui sert par défaut quand le No 1 n’est pas là! »
L’arrivée de Julien Vauclair à la direction sportive ajoulote a-t-elle relancé son projet de revenir à Porrentruy? «Ajoie peut être une possibilité. Beaucoup de choses changent en ce moment. Rien n’est fait, tout est ouvert. Qu’importe où je rebondirai, je veux être convaincu de savoir pourquoi j’y vais», répond Elien.