Sports fémininsLes compétitions s'ouvrent aux femmes mais l'argent ne suit pas
Les sportives sont à l’honneur entre un Paris-Roubaix et la participation de Servette Chênois Genève en Ligue des champions. Ces compétitions de prestige payent encore peu.


Elizabeth Lizzie Deignan , victorieuse du tout premier Paris-Roubaix féminin le 2 octobre 2021.
AFPL’équipe victorieuse de la Ligue des champions peut gagner jusqu’à 1.4 million d’euros. Ce chiffre est celui de la version féminine, puisque le gagnant peut accumuler 82.4 millions chez les hommes. L’écart existe également dans le cyclisme, à l’image du mythique Paris-Roubaix.

La différence de gains entre hommes et femmes.
La somme remportée par Lizzie Deignan, première gagnante de l’histoire du Paris-Roubaix féminin, équivaut à ce qu’elle aurait gagné si elle avait terminé septième chez les hommes. Pour le dire autrement, Sonny Colbrelli, vainqueur chez les hommes, a gagné environ 20 fois ce que la Britannique a remporté pour la même course.
Les contrats publicitaires sont les principaux responsables. Même si les résultats sont moins bons en ce moment, le Barça masculin draine bien plus de sponsors que son équipe de femmes – pourtant lancée sur une saison exceptionnelle. Pour la Ligue des champions, l’écart de gains entre équipes féminines et masculines est gigantesque. Le nombre de spectateurs, lui, est bien moindre. Le match entre Servette Chênois et la Juventus a réuni 5849 spectateurs au Stade de Genève.
Un chiffre encourageant mais bien loin des moyennes de Ligue des champions masculine. Pré-Covid, elle s’établissait à environ 45 000 spectateurs.
Le football féminin a toutefois de beaux jours devant lui. Le choc entre l’Atlético Madrid et le FC Barcelone a attiré plus de 60 000 spectateurs en mars 2019.
Et si ce n’était que le début?
Signe encourageant: Adidas sponsorise désormais la Ligue des champions féminine, s’alliant ainsi avec le diffuseur DAZN et l’UEFA. Le directeur général d’Adidas football y voit un investissement pour le futur. «La Ligue des champions féminine est le summum de la compétition entre clubs, et ce nouveau partenariat va l’amener à plus de fans que jamais», affirme-t-il avant d’ajouter que «plus de visibilité, plus de diffusion et de formats innovants sont d’autres pas dans la montée du football féminin.»
De son côté, le co-CEO de DAZN se félicite d’avoir un partenaire aussi connu. «Cela fait d’Adidas notre plus grand sponsor international à ce jour et c’est une preuve de l’énorme commercialisation et des opportunités de partenariat de marques qui existent autour du football féminin», explique James Rushton.
Il faut s’attendre à toujours plus de développements en ce sens. C’est du moins les conclusions d’un rapport de Deloitte. Le cabinet estime que les droits TV et le sponsoring ne dépassent pas souvent le million de dollars, selon le sport. «En 2021, nous pensons que les revenus liés aux sports féminins seront en dessous du milliard de dollars. (…) Cependant, nous pensons que les sports féminins vont grandir pour valoir bien plus qu’un milliard dans les prochaines années. Ses capacités à générer des audiences télévisées, apporter de la valeur aux sponsors et amener des milliers de fans par événement ont été démontrées plusieurs fois cette dernière décennie.» Les marques qui investissent aujourd’hui dans les compétitions féminines font un pari sur l’avenir. C’est moins cher d’y entrer, et l’intérêt du public pourrait augmenter année après année.