MotocyclismeLüthi: trois mois pour (se) décider
Pour autant que le calendrier ne soit pas encore modifié, le championnat 2021 se terminera le 14 novembre, soit dans trois mois et une semaine. D’ici là, Thomas Lüthi devra décider de son avenir.

Que s’est-il passé pendant ces longues vacances? On sait des choses (Morbidelli devrait remplacer Maverick Viñales dans le team Yamaha officiel, Valentino Rossi a annoncé jeudi qu’il mettrait un terme à sa carrière de pilote en fin de saison), on en devine d’autres et, les jours qui viennent devraient nous apporter de nouvelles certitudes sur le thème: «Qui fera quoi l’an prochain?» Thomas Lüthi est concerné au premier chef, dans la mesure où sa première moitié de saison a été décevante, comme le fut l’année 2020.
Dès lors, «la» question que tout le monde se pose est simple: le meilleur pilote suisse de GP du XXIe siècle va-t-il poursuivre sa carrière? La réponse est encore inconnue. Une chose est certaine: Tom et son manager Daniel-M. Epp se sont penchés sur la question ces dernières semaines. Alors que son pilote est en Autriche pour ce GP de reprise – deux courses de suite sur le Red Bull Ring, un GP de Styrie dimanche, celui d’Autriche dans une semaine -, son homme de confiance est encore en vacances jusqu’à samedi soir: «Les vacances, c’est ne rien faire ou faire des choses différentes. Et quelques fois, c’est nécessaire», rappelle le mentor de Tom.
Un retraité, lui? Allons, allons...
Une chose est certaine, et c’est la très bonne surprise du jour: sixième au soir de la première journée d’essais de ce GP de Styrie, à 259 millièmes de la pole provisoire de Marco Bezzecchi (encore un qui devrait faire le saut en MotoGP cet hiver), Lüthi ne ressemble pas du tout à un futur retraité en Autriche. Sixième du jour, on l’a dit. Et même auteur du troisième chrono de la séance de l’après-midi: «Ces dernières semaines, j’ai beaucoup travaillé; physiquement, bien sûr, mais aussi techniquement. Je me suis aussi offert quelques jours de vraies vacances, donc du kitesurf! Problème, depuis la semaine dernière, j’ai connu quelques soucis de santé, de la fièvre, le sentiment de manquer de force. J’ai fait tous les contrôles pour me rassurer. Aujourd’hui (vendredi) encore, entre les deux séances, j’ai passé par la clinique, même par l’hôpital, mais il n’y a rien d’autre qu’un virus grippal qui n’a rien à voir avec le Covid. Je sais qu’après un début de saison aussi difficile, tout le monde se pose des questions. Je me les pose aussi. Aucune décision n’est prise, tout dépendra bien sûr des résultats. Arrêter? Continuer? Avec quelle équipe? Nous avons beaucoup réfléchi pendant les vacances, mais depuis mercredi, j’enlève cela de ma tête, je ne pense qu’à la course de ce week-end. Si les résultats arrivent, il sera plus facile de se décider, je crois toujours être capable de me battre pour les podiums et ce sentiment, je l’ai ressenti encore beaucoup plus fort aujourd’hui. Maintenant, il faut continuer sur cette base, la moto était très bonne, j’espère que l’on pourra encore améliorer quelques détails samedi, puis réussir la course dimanche.»
«Je crois toujours être capable de me battre pour les podiums et ce sentiment, je l’ai ressenti encore beaucoup plus fort aujourd’hui»
Rossi: un hommage planétaire
Valentino Rossi n’a pas été aidé par les Dieux pour le premier week-end de sa tournée d’adieu, sur le Red Bull Ring: la pluie est en effet tombée, d’abord modestement dès le milieu de la seconde séance d’essais libres Moto3, en début d’après-midi, avant d’être plus généreuse pour la classe MotoGP. 16e de cette première journée, le futur retraité continue de recevoir des messages de remerciements du monde entier, même en provenance de certains de ses plus terribles adversaires. Et cette question, déjà, que l’on pose: quel a été son plus grand fait d’armes? Patron du team officiel Yamaha, le Britannique Lin Jarvis, n’hésite pas: «Sa victoire lors de sa première course avec nous, en Afrique du Sud.» Ce 18 avril 2004, «Vale» avait réussi ce que tout le monde croyait impossible: «Dès nos premiers contacts, l’automne précédent, Rossi avait été clair avec nous: il voulait retrouver le plaisir, qu’il avait perdu chez Honda. Il savait que, sur le papier, notre moto était moins bonne que ce qu’il avait eu jusque-là, mais pour lui, ce n’était pas l’essentiel. En faisant ce choix, il redonné la foi à Yamaha, à l’équipe, aux ingénieurs.» On connaît la suite: quatre titres mondiaux en MotoGP avec la M1.

Valentino Rossi (à droite) au côté de Lin Jarvis lors d’une conférence de presse en 2013.
AFPAlerte électronique: au tour de KTM
Lors des essais du GP des Pays-Bas, à Assen, juste avant la pause estivale, Marc Márquez avait été victime d’un effrayant «highside», suite à un problème électronique, confirmé dès le lendemain matin par les ingénieurs japonais. Ce vendredi, c’est le Portugais Miguel Oliveira, vainqueur l’an dernier de ce même GP de Styrie, qui s’est fait piéger: «Dans le virage N°3, je me suis retrouvé légèrement à l’extérieur. Quand j’ai ouvert les gaz, alors que je n’étais pas sur la ligne idéale, le système de contrôle de traction n’a pas fonctionné. J’ai été éjecté et avant d’atterrir, ma main a été touchée par mon guidon. La douleur immédiate a été terrible, mais les médecins ont tout contrôlé, il n’y a pas de fractures.»
Pour KTM, ce serait un coup dur si son pilote N°1 devait renoncer.
Davide Brivio retrouve sa «famille»
Il a été l’homme qui avait «organisé» le passage de Valentino Rossi de chez Honda à Yamaha, il était jusqu’à l’an dernier le team-manager du team Suzuki, champion du monde 2020 grâce à Joan Mir: Davide Brivio est, depuis le début de la saison, le directeur sportif du team Alpine en F1 et il vient de remporter, avec le Français Esteban Ocon, son premier GP... sur quatre roues.
L’espace d’un week-end, il est revenu dans le paddock MotoGP: «J’ai l’impression d’avoir quitté ce milieu hier», sourit le manager italien. La différence entre F1 et MotoGP? «Tous les deux sont des sports mécaniques de très haut niveau. La différence principale, c’est qu’en F1, tout est plus grand: plus de moyens, plus de monde, plus de matériel. Comme sur deux roues, les pilotes sont des athlètes, mais il y a un élément très important qui les différencie: sur quatre roues, parce qu’il y a une liaison directe entre la voiture et les ingénieurs, l’interaction est continue, il y a beaucoup plus de choses à gérer pendant une course. En moto, dès que le départ est donné, c’est au pilote de se débrouiller. Tout seul.»

Davide Brivio (à gauche) à la fête avec Joan Mir suite à son sacre mondial en MotoGP, en novembre.
AFP