Football«Finalissima» à Rome: personne n’ose vraiment miser sur un exploit suisse
Êtes-vous plutôt Italie ou plutôt Suisse? A l’heure du pronostic, les personnalités que nous avons sollicitées sont sur la réserve. Quand elles ne penchent pas en faveur de la Squadra…


L’équipe de Suisse jeudi à l’entraînement à Rome, où la bonne humeur était manifestement de mise.
Claudio Thoma/freshfocusGérard Castella, responsable de la formation à Young Boys
«Pour autant qu’elle joue, la Suisse ne peut faire qu’un exploit»

Pour Gérard Castella, Murat Yakin saura trouver l’équipe capable de poser des problèmes aux champions d’Europe transalpins. Quant à savoir si cela suffira…
Andy Mueller/freshfocus«Devoir composer sans autant de titulaires représente forcément un handicap. On n’a pas le même choix qu’en Italie où les possibilités de remplacement sont différentes. La Suisse devra s’appuyer sur d’autres qualités, ce qu’elle aurait de toute manière dû faire en étant au complet. Les gars devront être encore plus généreux et oser encore davantage. Yakin est assez malin pour aligner une équipe capable de poser des problèmes aux Italiens. Pour autant qu’elle joue, la Suisse ne peut faire qu’un exploit. Le 3-0 de l’Euro nous a montrés tout ce qu’il ne fallait pas faire. On avait été puni. Contre l’Italie, il faut être actif. Si l’on ne fait qu’attendre et subir, on n’aura aucune chance.»
Son pronostic: «Si j’étais idéaliste, je dirais 0-1. Mais comme je suis surtout réaliste, allons-y pour un 1-1, qui serait déjà un super résultat.»
Paolo Tramezzani, coach du FC Sion
«Après son titre, l’Italie évolue en pleine confiance»

Depuis un mois, Paolo Tramezzani est de retour au FC Sion, qu’il avait déjà entraîné à deux reprises.
Pascal Muller/freshfocus«On s’apprête à vivre une véritable finale de groupe entre deux équipes se retrouvant chacune sur une bonne dynamique. Sur le plan technique, les Azzurri possèdent davantage de qualités à mes yeux. Ils savent contrôler les matches quand il le faut et possèdent une excellente possession de balle, y compris dans les zones hautes du terrain. Après son titre européen, l’Italie évolue en pleine confiance. Je n’ai pas oublié qu’elle avait disputé son meilleur match de l’Euro contre les Suisses. Évoluer de surcroît à Rome, devant 50’000 tifosis acquis à sa cause, représente un avantage supplémentaire. On sait la Suisse privée de plusieurs pièces importantes. Son unique salut viendra des contres, qu’il lui faudra exploiter au maximum en profitant des espaces.»
Son pronostic: «Désolé, mais je vois l’Italie s’imposer 2-0.»
Stéphane Grichting, ancien international
«L’intensité ne suffira pas, la Suisse devra répondre au niveau du jeu»

Ancien footballeur, Stéphane Grichting s’est reconverti dans la préparation physique de sportifs, notamment de skieurs et skieuses.
Chantal Dervey«Quand la Suisse doit changer plusieurs titulaires contre Malte ou le Liechtenstein, ça se passe pas trop mal. Mais qu’en sera-t-il contre les champions d’Europe? Les grandes nations souffrent moins de l’absence de leurs cadres ou qui pourraient l’être. Les Français ont joué pendant cinq ans sans Benzema, ça ne les a pas empêchés d’être champions du monde! Je suis toujours inquiet quand la Suisse affronte un adversaire prestigieux. Me voilà donc moyennement rassuré. On connait cette nouvelle Italie, on sait de quoi ses joueurs sont capables. Dans ce qui s’apparente à un match de Coupe, il faudra faire en sorte de ne pas avoir de regrets. L’intensité ne suffira pas, la Suisse devra répondre au niveau du jeu et ne pas laisser aux Italiens la possibilité de mettre en place leur jeu de percussion.»
Son pronostic: «On peut aussi bien gagner 1-0 que perdre nettement. Quitter Rome sans défaite serait déjà un bon résultat, car tout resterait possible lors de la dernière journée.»
Sandy Maendly, internationale helvétique
«Chacun devra en faire plus pour dépasser son propre rôle»

Sandy Maendly sous le maillot de l’équipe de Suisse, ici à Zurich contre la Croatie.
Andy Mueller/freshfocus«La Suisse est condamnée à sortir un gros match. Cela aurait déjà été compliqué si elle avait pu évoluer au complet. Mais là… D’autres facteurs devront entrer en lice, comme la grinta et l’esprit de sacrifice. Et sur le terrain, chacun devra en faire plus pour dépasser son propre rôle. La Suisse ne partira bien sûr pas favorite. Mais il existe toujours une chance de pouvoir créer la surprise, il faut s’y accrocher.»
Son pronostic: «Un match nul serait déjà fêté comme une victoire…»
Gabet Chapuisat, consultant blue Sport
«Il faut faire confiance à Yakin, qui est un magnifique joueur d’échecs»

Gabet Chapuisat suivra le rendez-vous romain avec intérêt.
PATRICK MARTIN«Le truc qui m’inquiète, c’est que l’on n’aura pas nos meilleurs atouts. Certains sont plus difficilement remplaçables que d’autres. On peut jouer sans Xhaka. La blessure d’Elvedi m’énerve déjà plus. Son duo avec Akanji fonctionnait bien, Schär n’offre pas les mêmes garanties. Devant, où l’on risque d’être un peu léger, la puissance d’Embolo va nous manquer, tout comme Seferovic. Cela dit, il y a toujours moyen de surprendre ces Italiens. Il faut faire confiance à Yakin, qui est un magnifique joueur d’échecs. On a toujours la possibilité de terminer premier et d’éviter les barrages, à condition de ne pas se prendre les pieds dans le tapis contre la Bulgarie, comme les Français l’avaient fait en 1993.»
Son pronostic: «Je dirais volontiers 2-2 mais je ne sais pas comment l’on pourrait s’y prendre pour marquer deux buts. Alors restons-en à 1-1.»
Patrick Isabella, ex-joueur du LS et de Xamax
«L’Italie me fait davantage vibrer»

Patrick Isabella entraîne aujourd’hui la deuxième équipe d’Yverdon-Sport.
ARC/Dominic Favre«En tant que fils d’immigré italien, mon cœur ne balancera pas longtemps. Même si j’ai fait ma carrière en Suisse, je suis plus pour la Squadra. L’Italie me fait davantage vibrer. Mais si la Suisse venait à l’emporter, je vais quand même réussir à dormir! (Rires) A quel match faut-il s’attendre? Personne ne voudra perdre. Peut-être cette finalissima sera-t-elle plus fermée qu’on ne l’aimerait. Le 3-0 de l’Euro pourrait peser dans la balance. A Bâle aussi, l’Italie avait été au-dessus du lot. S’il n’y avait pas eu «Jésus» Sommer au but, la Suisse y croirait déjà moins.»
Son pronostic: «2-0 pour l’Italie.»