COP27: Les négociations sur le climat sont au bord du gouffre

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COP27Les négociations sur le climat sont au bord du gouffre

Les discussions en Egypte semblaient sur le point de s’effondrer samedi matin après d’âpres débats nocturnes. L’UE se dit prête à partir sans entente plutôt que d’accepter «un mauvais accord».

Les négociations ont débordé d’au moins une journée samedi, alors qu’elles devaient officiellement se terminer vendredi.

Les négociations ont débordé d’au moins une journée samedi, alors qu’elles devaient officiellement se terminer vendredi.

AFP

La COP27 pourrait se terminer en une amère queue de poisson. «Plutôt pas d’accord qu’un mauvais accord», a lancé samedi le vice-président de la Commission Frans Timmermans. «Nous sommes inquiets de certaines des choses que nous avons vues et entendues au cours des dernières 12 heures», a-t-il dit. Avant d’ajouter que l’objectif des Européens était de garder «en vie» la limite de réchauffement de 1,5°C, objectif le plus ambitieux de l’accord de Paris.

«A ce stade, la présidence égyptienne remet en cause les acquis de Paris et de Glasgow sur la baisse des émissions. C’est inacceptable pour la France et les pays de l’UE», avait-on dit peu avant dans l’entourage de la ministre française de la Transition énergétique, Agnès Pannier-Runacher. La présidence égyptienne s’est défendue, déclarant que la «grande majorité» des pays trouve les propositions «équilibrées». Le ministre égyptien des Affaires étrangères Sameh Choukri a renvoyé les parties à leurs responsabilités, appelant à la «flexibilité» et indiquant qu’il allait consulter le secrétaire général de l’ONU Antonio Guterres, présent à Charm el-Cheikh.

Timides avancées

Cette 27e conférence internationale sur le climat a été prolongée d’au moins une journée en l’absence d’accord sur plusieurs points de contentieux. Les négociateurs de près de 200 pays réunis à Charm el-Cheikh ont tenté d’avancer toute la nuit sur les points les plus difficiles, comme le sort des énergies fossiles ou la compensation des dégâts déjà occasionnés par le changement climatique, les «pertes et dommages». La présidence égyptienne avait promis vendredi, jour théorique de fin des négociations, de prendre les choses en main.

«On ne peut pas se permettre d’avoir autant de sujets de négociation qui restent sans issue jusqu’à la prochaine COP», avait estimé Manuel Pulgar-Vidal, du WWF. En plus des heurts nocturnes sur la limite de hausse de la température moyenne de la planète par rapport à l’ère pré-industrielle, l’une des questions les plus complexes reste celle des «pertes et dommages». 

Ce sujet des dégâts déjà occasionnés par le changement climatiques est plus que jamais au centre des débats après les inondations historiques qui ont frappé le Pakistan et le Nigeria, et pour lesquels les pays en développement réclament un fonds dédié. Sur ce point, de timides avancées ont cependant eu lieu.

Risque d’emballement incontrôlable

Les pays riches étaient depuis des années très réticents à l’idée d’un financement spécifique. Mais l’Union européenne a fait une ouverture jeudi en acceptant le principe d’un «fonds de réponse aux pertes et dommages», réservé aux «plus vulnérables» sur une «base de contributeurs élargie», sous entendu à la Chine, qui s’est considérablement enrichie en trente ans.

L’offre européenne a été saluée comme «une concession et une percée majeures» par Seve Paeniu, ministre des Finances du petit archipel pacifique de Tuvalu, menacé par la montée des eaux. Mais ni la Chine ni les Etats-Unis n’ont fait connaître leur position dans l’immédiat.

L’avenir des énergies fossiles fait également l’objet de tractations intenses. Un projet de texte final publié par la présidence égyptienne ne marque pas d’avancées sur ce point, même s’il souligne pour la première fois la nécessité d’accélérer dans les énergies renouvelables.

Les engagements actuels des différents pays sont loin de permettre de tenir l’objectif de 1,5°C. Selon les analyses de l’ONU, ils permettent au mieux de limiter le réchauffement à 2,4°C d’ici la fin du siècle. Cela expose l’humanité au risque que des points de bascule irréversibles soient atteints et provoquent un emballement incontrôlable du dérèglement climatique.

(AFP)

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