FOOTBALL - Il y a longtemps que Xamax ne s’était pas autant éclaté

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FOOTBALLIl y a longtemps que Xamax ne s’était pas autant éclaté


En dominant Kriens, le club neuchâtelois a signé une victoire convaincante un brin trompeuse. Dans une hiérarchie peu établie, il y a peut-être une place à prendre… Le public de la Maladière n’avait pas été à pareille fête (4-0) depuis longtemps.

Nicolas Jacquier
par
Nicolas Jacquier

Depuis le temps qu’on les voyait arpenter les pelouses de Swiss Football League, on les pensait indéboulonnables. Mais le championnat a repris sans les «vétérans» Laurent Walthert et Raphaël Nuzzolo sur le terrain. L’un et l’autre n’ont pas quitté la Maladière mais les deux cadres de Xamax se sont glissés dans un nouveau rôle, qu’ils doivent encore apprivoiser.

A 37 ans, l’emblématique gardien s’est glissé dans celui de doublure du nouveau portier titulaire, ce qui l’a contraint à abandonner au passage son brassard de capitaine. A Neuchâtel, l’avenir s’appelle dorénavant Theo Guivarch. Contre Kriens vendredi soir, le géant français n’a pas eu à multiplier les parades mais il a réalisé celle qu’il fallait devant Liridon Mulaj, empêchant l’ex-Xamaxien d’y aller de son traditionnel but lorsqu’il affronte ses anciens coéquipiers. En sauvant dans les pieds de l’attaquant lucernois, Guivarch a préservé l’essentiel au moment où Xamax peinait à matérialiser ses envies.

A 38 ans, Raphaël Nuzzolo s’est lui aussi glissé dans un rôle de premier remplaçant depuis le coup d’envoi de la nouvelle saison. Après 421 matches sous les couleurs «rouge et noir», le voici actuellement relégué au rôle de joker. Cela ne signifie pas que l’emblématique No 14 ne partira plus jamais titulaire bien sûr mais en prenant le parti de redistribuer les cartes, Andrea Binotto a choisi de privilégier d’autres atouts offensifs.

S’affranchir du passé

Cadres du vestiaire, les vieux grognards de la Maladière n’en demeurent pas moins des éléments précieux dans la nouvelle hiérarchie qui est en train de s’établir. Ils incarnent un lien entre un passé parfois douloureux dont Xamax souhaite aujourd’hui s’affranchir et les promesses d’un avenir personnalisé par l’apparition de nouveaux visages (Epitaux, Berisha, Haile-Selassie, etc.). Il y a un équilibre à trouver, des lignes fondatrices sur lesquelles s’appuyer à définir. Si le revenant Alexandre Pasche (30 ans) et le nouveau capitaine Mike Gomes (32 ans) apportent toujours leur expérience à l’édifice, il y a le talent brut des plus jeunes, ne demandant qu’à éclore.

A Neuchâtel, une ère s’est refermée, une autre a déjà commencé. Après les galères des deux dernières saisons, un virage, devenu nécessaire, s’est opéré cet été. Les encouragements et les applaudissements ont remplacé avantageusement les sifflets d’un dernier exercice désastreux. Voici du reste bien longtemps que Xamax ne s’était pas pareillement éclaté et qui change agréablement de ce que ses joueurs avaient fait endurer à leurs supporters à distance jusque-là.

Il est vrai que pour son premier match à domicile, le club neuchâtelois a plutôt séduit même si son facile succès, qui aurait pu être encore plus large encore, ne reflète pas les difficultés d’une entame de match bien poussive. Son entraîneur ne s’y est pas trompé en n’hésitant pas à sortir à la pause déjà deux de ses nouvelles recrues, ce qui devait donner l’occasion à Nuzzolo de se repiquer au jeu plus rapidement que prévu.

Volonté de séduire

Une équipe qui finit par se lâcher, des spectateurs heureux qui en redemandent: dans une Challenge League en manque de certitudes et au sein de laquelle aucun favori n’émerge véritablement, il y a peut-être un bon coup à jouer. Il est certes prématuré d’affirmer que l’ancien relégué possède le calibre d’un futur promu. Quand les choses sont en devenir, elles restent aussi plus fragiles. Mais à considérer ce que Xamax a su proposer en deuxième période, on se dit qu’une place de barragiste n’est peut-être pas usurpée.

Au-delà des trois points, venus s’ajouter à ceux déjà obtenus contre Vaduz leur permettant de réaliser le départ parfait, ses joueurs ont exprimé une volonté de plaire partagée. Le public l’a bien compris en réservant une ovation à ce Xamax new-look terriblement prometteur.

Entre pandémie et résultats décevants, il y a bien longtemps que les spectateurs n’avaient pas quitté la Maladière avec la banane jusqu’aux oreilles.

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