Guerre en UkraineDes missiles russes volent avec des micropuces genevoises
Des chercheurs britanniques ont découvert des microprocesseurs genevois dans les missiles russes Kh-101 qui s’abattent sur l’Ukraine. Et ce ne sont pas les seuls composants électroniques suisses à être utilisés dans les armes du Kremlin.

Un expert examine des restes collectés d’obus et de missiles utilisés par l’armée russe pour attaquer la deuxième plus grande ville ukrainienne de Kharkiv, dans le cadre de l’invasion russe de l’Ukraine.
AFP/image prétexte
En novembre dernier, des missiles Kh-101 ont été déployés à grande échelle lors des frappes russes qui ont visé spécifiquement l’infrastructure énergétique de Kiev et qui ont plongé la capitale ukrainienne dans le noir. Étant donné que les Kh-101 volent particulièrement bas, les radars ont du mal à les repérer, ce qui en fait une arme de guerre particulièrement redoutable.
En examinant des restes de missiles, des chercheurs du Royal United Services Institute (Rusi), un groupe de réflexion britannique spécialisé dans la défense et la sécurité, ont trouvé des microprocesseurs fabriqués par STMicroelectronics, révèle le «SonntagsBlick».
Interdit à la vente
Le groupe a son siège à Plan-les-Ouates (GE). L’entreprise genevoise sait-elle que ses micropuces sont installées dans les missiles du Kremlin? Si le groupe n’a pas souhaité répondre aux questions du journal alémanique, la Confédération a par contre pris position. «Nous avons connaissance de composants en lien avec la Suisse qui ont été retrouvés dans des systèmes d’armes russes en Ukraine», a déclaré Antje Baertschi, porte parole du Secrétariat d’État à l’économie (SECO). Ces composants n’étaient soumis à aucune restriction commerciale avant le début de la guerre en Ukraine en février dernier. «Dans le cadre des sanctions contre la Russie, ils sont désormais interdits à la vente et à la livraison», précise-t-elle.
Ces micropuces ne sont pas les seuls composants électroniques suisses à être utilisés dans les armes russes. Dans leur rapport, les chercheurs du Rusi arrivent à la conclusion que «la Suisse est le quatrième fabricant le plus important de composants retrouvés dans les systèmes d’armes russes». Outre la société genevoise STMicroelectronics, les Britanniques évoquent le groupe U-Blox basé à Thalwil (ZH), start-up créée par d’anciens chercheurs de l’École polytechnique fédérale de Zurich (EPFZ), et dont un module GPS équipe les drones de Moscou.