Commentaire - Une Suisse divisée en trois populations

Il y a un mois et quatre jours, le 26 novembre, le variant Omicron était découvert en Afrique du Sud. Un mois et quelques jours plus tard, la situation sur le front de la pandémie a drastiquement évolué. En Suisse, les cas s’envolent avec plus de 17’000 infections mercredi. La vitesse de propagation du nouveau variant est spectaculaire. Nous voilà entrés dans une nouvelle phase de la pandémie, où il nous faut craindre une valse des variants, des vaccins et du statut vaccinal des personnes.

Si la double vaccination a évité les cas graves avec le variant Delta, elle n’a pas non plus tenu toutes ses promesses en termes de transmission du virus. Qu’en sera-t-il avec Omicron? Mardi, lors de la conférence de presse de la task force, il a été dit que dans quelques semaines, «Omicron représentera 100% des infections». Sa présidente, Tanja Stadler, a déclaré que les personnes vaccinées contractaient Omicron «de la même manière que les personnes non vaccinées», et qu’il faudrait donc leur étendre la quarantaine. Sauf si la personne a fait le vaccin de rappel.

Aujourd’hui, près de 2 millions de personnes ont eu le booster en Suisse avec le vaccin pour le variant Delta. Selon la présidente, cela renforce la protection contre une atteinte grave avec Omicron, en tout cas à court terme, durant environ 10 à 12 semaines. Malgré tout, on constate déjà des cas d’infection après trois doses, certes marginaux, mais bien réels. Pendant ce temps, les fabricants de vaccins font savoir qu’ils préparent de nouveaux produits plus spécifiques contre Omicron pour le mois de mars. De quoi inciter certains à attendre.

Mercredi soir à «Forum», Alain Berset s’est exprimé au sujet de la durée des quarantaines face à une «telle diversité de cas». Il y a une année, nous avions des gens sains ou malades. Actuellement, nous avons des personnes non vaccinées, des personnes vaccinées, d’autres qui sont boostées, des personnes guéries, des cas contacts avec des personnes vaccinées ou pas. Pour tous ces cas, nous avons des accès différenciés à des lieux: normalement (transports, magasins), soit avec un test (manifestation), avec la 2G (restaurant) ou avec la 2G+ (discothèque).

Faut-il s’attendre à ce que certains lieux soient accessibles uniquement avec le booster? Dans la logique de tout cela, c’est fort probable. La troisième dose crée une troisième catégorie de population. Les plus chanceux, finalement, sont ceux qui se sont fait vacciner en dernier, ceux qui se sont fait tirer l’oreille, et qui sont encore protégés pour un délai de quatre mois. Mais quatre mois, c’est si vite passé…