Cause animaleTaxées de cruauté, les calèches de New York sont menacées
Comme les taxis jaunes, la statue de la Liberté ou Broadway, les calèches à cheval sont des clichés de New York. Mais ces promenades sont dans le viseur d’élus, qui préféreraient des carrioles électriques.

New York compte aujourd’hui 130 cochers, qui se partagent 68 permis et 200 chevaux abrités dans des écuries municipales.
AFP«Manhattan est probablement le pire endroit de la planète pour y faire travailler un cheval, dans la circulation, le bruit, la pollution et la chaleur», s’insurge Robert Holden. Ce conseiller municipal de New York, âgé de 71 ans, est l’auteur d’un texte qui imposerait le remplacement des calèches tirées par des chevaux par des véhicules électriques d’ici juin 2024.
Cela fait des années que les défenseurs de la cause animale – de plus en plus nombreux aux États-Unis – veulent mettre un coup d’arrêt à cette attraction touristique, existant depuis le XIXe siècle autour du poumon vert de Manhattan. New York compte aujourd’hui 130 cochers, qui se partagent 68 permis et 200 chevaux abrités dans des écuries municipales.
Cheval à terre à cause de la canicule
Début août, des opposants aux calèches se sont mobilisés, notamment quelques militants de l’association Peta (People for the Ethical Treatment of Animals), lorsqu’un cheval s’est soudainement effondré, par un après-midi de canicule, sur la chaussée de l’immense 9e avenue de Manhattan, bordée de gratte-ciel.
Une vidéo sur les réseaux sociaux montre l’animal à terre, pendant que des automobilistes énervés le somment de se relever. Une micromanifestation contre la «cruauté» des calèches à cheval a alors réuni 15 personnes. La top model américaine Bella Hadid a jugé sur Instagram que ces promenades relevaient de la «barbarie». La star de la mode a exhorté le Conseil municipal de New York à voter la proposition de loi de Robert Holden.
Terrorisés par les voitures
Pour les défenseurs des animaux, les chevaux new-yorkais vivent dans de mauvaises conditions, souffrent de malnutrition et de déshydratation, sont terrorisés par la circulation automobile et travaillent de force. «Ils sont traités comme des machines, et ce ne sont pas des machines», tonne Edita Birnkrant, directrice d’un groupe animaliste, NYCLASS, qui pense que les calèches n’ont rien à faire dans «un New York moderne».
Au contraire, les exploitants assurent que ces équidés sont bien traités et que leur secteur est surveillé de près par les autorités sanitaires de la ville. De fait, il leur est interdit de travailler plus de neuf heures par jour, à plus de 32 degrés en été et à moins de 7 degrés l’hiver.
Cinq semaines de congés
Les chevaux «sont heureux et en bonne santé. On ne peut pas forcer un animal de 1500 livres (680 kg) à faire ce qu’il ne veut pas faire», insiste Christina Hansen, cochère à New York depuis dix ans et dont le cheval Oreo a droit à cinq semaines de «congés» annuels à la campagne. Et puis, que serait New York sans ses calèches, interroge cette femme de 42 ans. «On nous voit au cinéma et à la télé. On est aussi photogéniques que l’Empire State Building et la statue de la Liberté.»
À Central Park, où une promenade de 45 minutes coûte quand même 160 dollars, dans une des villes les plus chères du monde, des touristes sont partagés. «Absolument immoral!» s’écrie la Britannique Cailey Tyler, qui est pour une interdiction, tout comme Maria Luzynska, une Polonaise pour qui voir des chevaux «sous la chaleur» donne de New York «la pire impression». Au contraire, l’Argentine Marina Perry y voit «une dimension culturelle qui a cours depuis des générations».