Tour de FranceUne «patinoire» aux origines de la chute collective
Les acteurs n’ont pas eu de mal à déterminer les raisons de la chute massive qui est survenue samedi dans les tout premiers kilomètres de la 14e étape entre Annemasse et Morzine.


La décision d’ASO de neutraliser momentanément l’étape samedi a été saluée par Julien Jurdie.
AFPSamedi, sortie d’Annemasse. Les premières tentatives d’échappées lancent les hostilités sur cette 14e étape alpestre du Tour de France. Comme personne ne veut rater le bon wagon, la vitesse est soutenue au sein du peloton. Dans une courbe anodine, c’est le carton. Un premier coureur glisse, le reste de la meute finit au sol. Face aux dégâts (plusieurs abandons), les organisateurs décident d’interrompre la course.
«ASO a très bien réagi en neutralisant la course tout de suite, applaudit Julien Jurdie. Ça a été très, très bien fait. Félicitations à eux. Il n’y a pas eu de mauvais suspense. Au bout de quelques secondes seulement, Radio Tour a annoncé que la course était neutralisée. C’est le nouveau règlement, et fort heureusement, il a été très bien respecté. Une fois de plus, je tiens vraiment à remercier ASO pour la réactivité dont ils ont fait preuve. Lorsqu’il y a une chute aussi importante, avec plus de 10-15 coureurs à terre, ça fait partie du protocole.»
Matériel adapté
Le directeur sportif de l’équipe AG2R Citroën, personnage central de la série Netflix «Tour de France: au cœur du peloton», revient sur l’origine de la chute, qui a impliqué son coureur Clément Berthet. «Ça s’explique surtout en raison de la route humide et de la vitesse, explique le dirigeant français. C’était le départ, il y avait beaucoup d’intensité.»
La formation tricolore avait pourtant anticipé les risques éventuels liés aux conditions climatiques en Haute-Savoie et une partie du briefing matinal avait porté sur la préparation des vélos des coureurs. «Comme ça faisait un petit moment qu’il n’a pas plu dans la région, on a décidé d’enlever un peu de pression avant le départ, détaille Julien Jurdie. Les pneus étaient gonflés pour faire une étape sur le sec. Mais comme on travaille avec un météorologue, on avait l’indication qu’on pouvait rencontrer des routes humides sur les premiers kilomètres. On avait donc un petit peu dégonflé les pneus et je pense que c’était une bonne chose.»
Rien n’indique que l’intégralité des équipes ont procédé aux mêmes ajustements sur la monture de leurs coureurs. Du côté d’Intermarché-Circus-Wanty, l’information n’a pas filtré. Pris dans la chute massive, Adrien Petit ne s’attarde pas sur les paramètres matériels. Par contre, il n’hésite pas à comparer la route à «une patinoire».
«Il y avait comme un verglas d’été, raconte le rouleur de 32 ans. J’ai vu que ça tombait à l’avant. J’ai essayé de passer sur la droite, mais je me suis retrouvé dans un fossé avec de la roche. J’ai directement senti qu’il n’y avait rien de cassé. Il faudra voir s’il n’y a pas des points à faire sur la cheville. Le tibia était déjà bien gonflé, mais pas cassé selon les médecins de la course.»
«Je ne sais pas si le bison avait le cuir épais, mais il a une patte dans l’eau.»
La journée a été dure pour le coureur d’Arras, avec plus de 4000 mètres de dénivelé. Il a fallu serrer les dents pour voir la ligne d’arrivée à Morzine. «En ayant pris une telle gamelle comme ça après cinq ou six bornes, ça n’a pas été hypersimple, confesse-t-il. Heureusement que le public était là pour m’encourager. Tout le monde a vu que j’étais en souffrance. Mon seul objectif était de terminer l’étape, même si les médecins de la course auraient voulu que j’arrête lorsqu’ils ont vu mon tibia. Je ne sais pas si le bison avait le cuir épais, mais il a une patte dans l’eau.»
Le Français risque encore de souffrir dimanche, la 15e étape de la Grande Boucle entre les Gets et Saint-Gervais (179 km) s’annonçant dantesque.