JuraL’article 138 sur la réunification est mort et enterré!
Pour ne pas compromettre le transfert de Moutier dans leur canton, les députés jurassiens ont enterré un symbole de leur lutte.


Les députés jurassiens ont enterré un symbole de leur lutte.
lematin.ch/Vincent DonzéCher au cœur des Jurassiens, l’article 138 de la Constitution cantonale stipule que la République et Canton du Jura peut accueillir toute partie du territoire jurassien directement concerné par le scrutin du 23 juin 1974. Depuis ce matin, cet article est mort et enterré: par 37 voix contre 15, les députés jurassiens ont refusé l’élaboration d’un article 138 bis, après le retrait de deux motions demandant son maintien.
Même privé de garantie fédérale en 1977, l’article 138 était porteur d’espoir les autonomistes. Il a même donné son nom au «Club 138», ouvert à Courrendlin de 1979 à 2008, un établissement qui reste dans la mémoire de beaucoup comme le lieu des premières sorties en discothèque.

Par 37 non, 15 oui et 6 abstentions, les députés jurassiens ont refusé l’élaboration d’un article 138 bis.
Canton du JuraLe député Serge Beuret (PDC) acceptait de biffer l’article 138, dépourvu d’existence juridique, mais il proposait d’en élaborer un autre de la même teneur et d’aller chercher une garantie aux Chambres fédérales. «Le refus de 1977 était politique, pas juridique, et rien n’empêche le peuple d’en accepter un nouveau», a-t-il indiqué.
Le député Serge Beuret a invité le gouvernement à ne pas plier l’échine et à maintenir intact sa capacité d’accueil d’une commune bernoise, mais la ministre de l’Intérieur Nathalie Barthoulot a mis en garde contre un blocage qui compromettrait le transfert de Moutier.

Le Parlement jurassien fait passer le transfert de Moutier avant toute autre considération.
lematin.ch/Vincent DonzéNathalie Barthoulot a jugé la motion de Serge Beuret «hors du temps» et «hors du cadre», contraire aux intérêts de la population de Moutier. «On ne plie pas l’échine et on ne manque pas d’audace!», a-t-elle affirmé.
Le débat a été marqué par des élans patriotiques, du genre: «On ne va pas une fois de plus passer sous le joug bernois», mais les députés jurassiens n’ont voulu donner «aucun prétexte supplémentaire» à leurs homologues bernois, lorsqu’ils seront appelés à ratifier le concordat qui entérinera le transfert de Moutier, cher au cœur des Jurassiens.