CommentaireSuper League: il était temps de sortir du train-train pour rallumer la flamme
Avec l’augmentation du nombre d’équipes à douze et l’introduction de play-off dès l’exercice 2023-2024, la Super League a choisi de tourner le dos à des années d’immobilisme. Reste à transformer l’essai dans les urnes. Verdict attendu le 20 mai.


Le lancement d’une nouvelle formule devrait contribuer à rallumer le feu d’une passion parfois éteinte. Ici, des fans du FC Sion mettant de l’ambiance au Wankdorf lors du dernier match contre YB, perdu 3-1 en février.
Claudio De Capitani/freshfocusSi tout se passe comme on l’espère, le football helvétique s’apprête à faire sa révolution en douceur. Dès la saison 2023-2024 et l’élargissement de la Super League, si souvent espéré mais systématiquement refusé dans les urnes, douze équipes - et non plus dix comme c’est le cas depuis 20 ans - se retrouveront sur la ligne de départ pour se disputer le titre de champion et l’attribution des places européennes.
L’un n’allant pas sans l’autre, on y jouera également autrement, selon un modus dont l’inspiration doit cette fois-ci beaucoup aux hockeyeurs helvétiques dans la mesure où le football a décidé de reproduire, avec l’introduction de play-off remis au goût du jour, ce qui fait le succès dans les patinoires de National League. Un succès jamais démenti jusque-là…
Dans une compétition sclérosée par le doux ronron des habitudes, il était temps de sortir du train-train, de créer une nouvelle dynamique en innovant. À elle seule, la perspective d’une «finalissima» annuelle entre le leader et son dauphin sur trois rencontres fait déjà saliver.
Prolonger l’enjeu
Dans moins de 24 mois, au terme de la saison régulière (32 journées en deux phases distinctes), le public de Super League pourra enfin vivre le grand frisson des play-off; l’occasion pour Servette de concurrencer les Aigles «grenat» des Vernets par exemple.
L’objectif des décideurs, qui sont l’émanation des clubs eux-mêmes ne l’oublions pas, est simple: rendre le championnat plus attractif en relançant l’intérêt de la compétition (avec un suspense à tous les étages), quitte à user d’artifices pour prolonger l’enjeu.
À cet égard, il sera intéressant de voir si ce qui fait tout le sel du championnat de hockey se reproduira dans les stades comme on le suppose. Tout cela reste bien sûr conditionné au verdict des urnes. Le 20 mai prochain, à l’occasion de l’assemblée extraordinaire de la Ligue convoquée ce jour-là, il faudra au moins 14 voix (sur un total de 20) pour entériner le projet présenté.
Valoriser le produit
Souvent plébiscité mais jamais concrétisé, ce double changement programmé (nombre d’équipes en Super League + modus) était attendu depuis longtemps, réclamé même par les techniciens. On a suffisamment critiqué l’immobilisme de la Ligue, l’amateurisme de ses dirigeants parfois, pour ne pas applaudir aujourd’hui la volonté d’ouverture des nouveaux responsables. Ceux-ci ne se sont pas seulement inspirés du hockey; ils ont adapté à la sauce helvétique ce qui existe déjà en Belgique, en Autriche ou en Écosse.
Valoriser le produit, c’est aussi mieux vendre son contenu. Avec l’enchaînement immuable de quatre tours comme c’est le cas depuis 2003, la répétition des affiches ne pouvait que finir par lasser. Les amoureux du ballon ne peuvent dès lors que se réjouir à l’idée de vibrer pour des rendez-vous offrant de nouvelles perspectives, plus immédiates pour ce qui est de leurs conséquences. Cela n’améliorera pas forcément la qualité intrinsèque des matches mais en pimentera au moins l’attrait.
Aiguiser les appétits
Ce faisant, sachant que la prochaine saison sera de transition, par conséquent sans relégation directe, Lausanne a sans doute trouvé de quoi pester, lui dont l’avenir, sauf improbable série d’exploits, s’écrira en Challenge League dans quelques semaines.
S’il ne fait jamais bon dégringoler, le club vaudois pourra toujours se consoler en songeant qu’il ne sera jamais aussi facile d’être promu au printemps 2023 dans la mesure où les deux premiers du classement rejoindront directement l’élite helvétique. Ils pourraient même être accompagnés du troisième si celui-ci remportait le barrage l’opposant au dernier de SL.
Voilà qui devrait sûrement aiguiser les appétits du côté aussi de Neuchâtel, d’Yverdon ou du Stade-Lausanne-Ouchy. Si des candidats à la montée veulent se déclarer, ce sera la saison prochaine ou jamais!