US OpenEmma Raducanu sur le toit du monde!
Des qualifications au titre, la Britannique de 18 ans a traversé l’US Open comme un rêve éveillé. Leylah Fernandez a lutté en vain (6-4, 6-3). Une star est née.


Emma Raducanu, reine de New York. Al Bello/Getty Images/AFP
AFPEmma Raducanu, c’est complètement fou! À seulement 18 ans et pour sa deuxième apparition en Grand Chelem, la nouvelle coqueluche de toute la Grande-Bretagne est devenue championne de l’US Open samedi soir! Elle a dompté ses nerfs et la patte gauche de Leylah Fernandez (WTA 73), en deux manches (6-4, 6-3) pour s’offrir le plus inattendu des triomphes de l’ère Open. Cette fois, le doute n’est plus permis: une star est née, cette année à New York.
Même s’ils ne sauraient tout raconter, quelques chiffres permettent de mesurer l’exploit de la Britannique. Emma Raducanu est 150e mondiale (150!). Elle est le premier champion – hommes et femmes confondus – à brandir un titre du Grand Chelem après s’être extrait des qualifications (1!). Avant Wimbledon, où elle avait profité d’une wild card pour atteindre les huitièmes de finale, cette fraîche bachelière n’avait disputé que deux tournois WTA (2!). Avant ce samedi soir de gloire sur le Ashe, elle n’avait disputé aucune finale sur le circuit principal (0!). Et toute cette inexpérience, la jeune femme de Bromley l’a balayée en alignant vingt sets (20!) de suite sur les courts de Flushing Meadows. Sidérant.
Lorsque je suis tombée et que je me suis fait soigner avant la balle de break, j’ai juste prié pour ne pas revenir et servir une double faute
Voilà pour les statistiques, place au match. Et il faut d’abord écrire qu’aucune de ces deux «teenagers» n’a plié sous le poids de la pression d’un événement qui avait tout pour les dépasser. Il y eut certes quelques doubles fautes de trop chez la Canadienne (5) et Emma Raducanu n’a pas toujours bien joué ses nombreuses balles de break (2/13). Mais ce ne sont que des détails au regard de cette finale haletante qui a même failli basculer lorsque Leylah Fernandez sauva deux balles de match (4-6, 2-5) pour s’offrir dans le jeu suivant une balle de débreak rendue encore plus étouffante par un «temps mort médical» de la Britannique (plaie au genou). Ultime preuve que rien ne pouvait lui arriver, Emma Raducanu revint avec un pansement, repoussa le danger et conclut sur un ace.
De ce dernier coup, il faut garder l’image de l’insouciance. Mais Emma Raducanu n’est de loin pas qu’une apparition. Ses qualités tennistiques sont aussi nombreuses qu’implacables. D’abord des jambes qui moulinent très vite et incroyablement précisément. Sur le court, les pieds de la Britannique jouent de la musique et ils chantent à une vitesse hors du commun. Il y a ensuite une technique d’une pureté rare en coup droit comme en revers. En fond de court, tout est simple, propre: rien ne bouge; ce qui aide sous la pression. Enfin, citons cette faculté prodigieuse à retourner deux mètres à l’intérieur du court. Il y a du Djokovic dans la menace que fait planer Emma Raducanu sur tous les jeux de service de ses adversaires.
La promesse d’un avenir radieux? La nouvelle star aura le temps d’y penser. Samedi soir, ses premiers mots étaient naturellement portés sur ce qu’elle venait de vivre. «Lorsque je suis tombée et que je me suis fait soigner avant la balle de break, j’ai juste prié pour ne pas revenir et servir une double faute, souriait-elle juste avant de recevoir la coupe des mains de Billie Jean King. Heureusement j’ai su rester dans le moment et conclure le match.» Voilà, tout simplement. Quarante-quatre ans après Virginia Wade, la Grande-Bretagne fête, ce dimanche, une nouvelle championne de Grand Chelem. Elle s’appelle Emma Raducanu et gagne comme elle sourit. Avec un naturel désarmant.