Assassinat de Morges (VD): «Je n’ai jamais prêté allégeance à Daech»

Un homme âgé aujourd’hui de 29 ans se retrouve devant les juges du Tribunal pénal fédéral à Bellinzone depuis ce lundi matin. En 2020, il avait poignardé à mort, à Morges (VD), un homme qu’il ne connaissait pas en criant «Allah akbar». Ce procès est le premier pour homicide à caractère jihadiste en Suisse. L’accusé aurait en effet quitté le domicile familial en 2019 pour rejoindre le groupe État islamique mais aurait finalement rebroussé chemin en Italie.

A l’ouverture du procès, l’avocate de l’accusé a demandé le huis clos. Ce qui, après délibération des juges, a été refusé. Le président de la Cour a questionné le prévenu sur son appartenance au groupe État islamique. «Je suis sunnite, mais je n’appartiens à aucun sous-groupe de sunnites», a-t-il déclaré au tribunal. Le président lui a demandé comment il décrirait sa foi. L’accusé a répondu: «Pour moi, l’islam est une religion de paix». Il a démenti s’être radicalisé: «J’ai approfondi ma foi, mais je ne parlerais pas de radicalisation».

Selon l’accusation, une radicalisation islamiste est devenue visible chez l’accusé à partir de 2017. Le président du tribunal a voulu savoir ce que représentait l’État islamique pour l’accusé. «Pour moi, cela signifie le califat. L’EI s’inspire de la religion», a-t-il répondu. Depuis 2016, il se serait intéressé à l’EI et se serait informé à ce sujet sur internet. Il a notamment regardé des vidéos de guerre en provenance de Syrie et a été actif sur des forums internet. Il y a cependant des choses qu’il critique, comme entre autres les attentats qui sont perpétrés en Europe.

«Je n’ai jamais prêté allégeance à Daech. Je me suis seulement informé à son sujet et j’ai essayé de le comprendre» a-t-il encore lancé, tout en niant avoir fait de la propagande. «J’ai simplement fait des recherches pour moi-même et cherché des informations pour mieux comprendre l’islam».

Lors de la reprise du procès lundi après-midi, il a été question de l’attentat de Morges. L’acte aurait été motivé par des raisons religieuses et politiques. «Je pensais avoir agi dans l’intérêt de l’EI. Je voulais combattre les ennemis du califat, a fait savoir le Vaudois devant la cour. Je voulais venger le prophète - pour toutes les attaques contre l’islam.» Auparavant, il avait préparé un testament. «Mais j’espérais ne pas devoir mourir» a-t-il ajouté.

Le prévenu a admis avoir choisi la victime au hasard. La personne devait simplement être adulte et de sexe masculin. Il aurait choisi un couteau comme arme du crime parce qu’il était plus facile de s’en procurer qu’une arme à feu. «Aujourd’hui, je ne vois plus les choses de la même manière. Je me suis complètement trompé. Je ne pense pas que mon acte ait apporté quoi que ce soit au prophète», a-t-il avoué.

Il dit vouloir assumer la responsabilité de son acte. «Je ne ferais plus jamais une chose pareille. Je me suis battu pour mon dieu ce jour-là. J’étais plein d’adrénaline et je n’étais ni heureux ni triste. Aujourd’hui, je suis triste et déçu de ce qui s’est passé. Je suis en particulier triste pour la famille et les amis de la victime», a conclu l’accusé.

Le procès doit durer cinq jours. Mardi, les témoins et les parties civiles se présenteront à la barre. Puis le Ministère public de la Confédération ainsi que la défense présenteront leurs plaidoiries, avant que le procureur fédéral annonce la peine requise. Le verdict est lui attendu en janvier 2023. Le Vaudois risque la réclusion à vie.