Jura: Support chancelant pour les dessinateurs satiriques

Combien vaut un dessin de presse? «Le tarif syndical, c’est 350 francs», répond Luc Schindelholz, cofondateur du média satirique en ligne «La Torche 3.0». Leur verser 50 francs ou 40 euros, c’est déjà une prouesse et pourtant, elle a son revers: le média satirique chancelle, six ans après son lancement.

Hier, les abonnés ont reçu deux dessins pour le 31 août, un de Ben sur la canicule et l’école et un autre de Cambon sur Sarkozy et Darmanin. Mais aujourd’hui, ils ont reçu une alerte en rouge intitulée «Opération: 100 jours pour rallumer la Torche!» Plus aucun dessin ne sera publié jusqu’au 10 décembre prochain.

Les abonnés payants sont 400, dont quelques députés jurassiens, alors qu’il en faut… 2000! «On en a perdu lors d’une migration ratée sur le site et l’application», déplore Luc Schindelholz. Depuis qu’un mécène qui épongeait les dettes a jeté l’éponge, le média est sous perfusion, de l’aveu de son fondateur.

«Avec l’absence d’aide aux médias numériques et la difficulté à conquérir de nouveaux marchés, il n’est plus décent pour La Torche de continuer à payer au lance-pierre sa merveilleuse équipe et de poursuivre son développement», annonce Luc Schindelholz.

Autoproclamée «toute première application numérique satirique», «La Torche 3.0» pense pourtant que c’est dans les vieilles marmites qu’on fait les meilleures soupes: elle a recruté Pierre-André Marchand (80 ans), un pamphlétaire qui vient de publier le dernier numéro du journal satirique «La Tuile». Le PAM aura pour mission de réaliser un texte satirique par mois «tout en nous évitant la prison durant sa première année de mandat», mais seulement si l’opération des 100 jours réussit.

Avec 2000 abonnés, «La Torche 3.0» augmenterait ses prestations salariales à 100 francs par publication. De nouvelles plumes et artistes seraient engagées en plus des dessinateurs de presse suisses, français, québécois et tunisiens. Des rubriques sont citées pour faire saliver: l’actu coquine de Caro la Biennoise et les coups de griffe de Willis from Tunis, alias Nadia Khiari.

«La Torche 3.0» publiait entre cinquante et soixante dessins exclusifs par mois. Elle promet déjà de nouveaux détournements vocaux grâce à Jérôme Mouttet et des photomontages. «Dans 100 jours, la messe sera dite et la Torche envoyée au paradis ou en enfer après plus de 3000 dessins», conclut Luc Schindelholz dans son appel.