Réchauffement climatiqueLe glacier des Diablerets est en train de se séparer en deux
Le col de Zanfleuron, enfoui sous la glace depuis plus de 2000 ans, refait surface sous l’effet de la fonte. Les installations de ski vont devoir être adaptées.

D’ici quelques semaines, un col enfoui sous le glacier des Diablerets sera entièrement à nu, car la glace qui s’y trouve aujourd’hui fond à grande vitesse. En 2012, la couche de glace qui le recouvrait mesurait encore quinze mètres, rapporte la société Glacier 3000, dans un communiqué. Mais le réchauffement global ainsi qu’un hiver 2021/2022 pauvre en précipitations, doublé d’un été 2022 particulièrement chaud, pourrait bien donner le coup de grâce à cette bande glaciaire encore cette année. «La perte d’épaisseur des glaciers dans la région des Diablerets sera en moyenne trois fois supérieure cette année en comparaison avec les dix derniers étés», précise le glaciologue Mauro Fischer, cité dans le communiqué. Selon Glacier 3000, un lac pourrait voir le jour à la place du glacier du Scex Rouge d’ici 10 à 15 ans.
Vidéo 20 minutes (source: Glacier 3000)
Installations de ski plus adaptées
La transformation de cette zone montagneuse pose un challenge pour l’exploitation du domaine skiable. En effet, le bas du télésiège du Scex Rouge, qui ramène aujourd’hui les skieurs à la cabine qui les redescend au Col du Pillon, est aujourd’hui 30 à 40 mètres plus haut que l’arrivée de la piste attenante. Glacier 3000 indique donc qu’il envisage de le déplacer, même si certaines sources évoquent carrément de nouvelles installations. «Le ski continuera, avec ou sans glacier, annonce le CEO de l’entreprise, Bernhard Tschannen. Mais on traverse une phase de transition intensive, avec une visibilité qui ne va pas plus loin que 2 à 5 ans, durant laquelle on doit beaucoup s’adapter. On réfléchit actuellement à la vision 2030; nos hypothèses ne sont pas encore prêtes à être communiquées. Mais nous comptons transformer ou remplacer des structures, pas en ajouter.»
La transformation des installations est de toute façon constante sur le glacier: «Les pylônes des téléskis, dont certains sont sortis de la glace ou en sortent progressivement, demandent plus de travail pour être maintenus et rester alignés, poursuit Bernhard Tschannen. Et assurer la sécurité des promeneurs face à des crevasses qui s’élargissent est aussi un point crucial.» La société bâche aussi depuis quelques années des tas de neige à l’arrivée du printemps pour devoir moins utiliser les machines au moment de préparer la saison et protéger des points cruciaux. «En général il en reste 70 à 80%.» Par ailleurs, un tunnel est en cours de percement pour rouvrir la piste de Pierres Pointes, projet auquel Pro Natura s’était opposé, jugeant les compensations insuffisantes. L’association avait été déboutée.
«Glacier 3000 contribue au réchauffement climatique»
L’adaptation des installations ne coule pas de source à cette altitude, dans une zone entourée de nature sauvage. L’inventaire fédéral des paysages longe notamment une des crêtes qui pourrait voir pousser de nouveaux pylônes. «A priori, on ne s’y opposerait pas, tout comme on ne s’est pas opposés à la passerelle qui relie deux sommets juste en dessus, réagit Michel Bongard, secrétaire général de Pro Natura Vaud. Cette position correspond notamment à la logique de la concentration des nuisances dans une zone déjà dédiée au tourisme. Sur le fond, un tel impact à une telle altitude est évidemment problématique, mais ça me semble légal. Il s’agit plutôt d’une question politique.»
Pro Natura, qui indique qu’elle étudiera si besoin la question avec bienveillance, reste relativement critique face au communiqué, qui fait état des efforts environnementaux de Glacier 3000. La société évoque le passage à une électricité 100% hydraulique suisse, et la réinjection de courant dans le réseau grâce au freinage des téléphériques. Des projets sont aussi en cours pour augmenter l’autonomie de l’infrastructure. «Glacier 3000 contribue comme beaucoup d’autres acteurs économiques à l’accélération du réchauffement climatique, et ne renonce pas pour autant à son activité. Faut-il attendre les interdictions supplémentaires que devront tôt ou tard décréter les gouvernements? Ou compter sur les efforts personnels que chacun peut choisir de faire?»

En hachuré, la zone placée à l’Inventaire fédéral des paysages, et donc protégée. Elle s’arrête à la ligne de crête, de laquelle le télésiège devra probablement se rapprocher.
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