MiracleDeux wingsuiteurs frôlés par un hélicoptère valaisan: indemnes!
Deux adeptes de ce sport extrême ont évité de justesse l’appareil qui transitait au-dessus de l’aérodrome de Fribourg-Ecuvillens. Les circonstances ne sont pas encore claires.


Le 4 juin 2021, la visibilité était excellente au-dessus de l’aérodrome fribourgeois. Le pilote de l’hélicoptère a-t-il vu les deux wingsuiteurs? L’enquête du Service suisse d’enquête de sécurité (SESE) le dira (photo d’illustration).
Club alpin suisse (CAS) – Photo d’illustrationDans le jargon de l’aéronautique, on appelle ça un «Airprox». En français, une proximité d’aéronefs. En clair, une situation de rapprochement dangereux en plein ciel qui peut avoir des conséquences fatales. C’est ainsi que le formule le Service suisse d’enquête de sécurité (SESE) dans son rapport de première information, révèle lematin.ch. Le 4 juin précisément, à Ecuvillens (FR), un drame a été évité de justesse entre un hélicoptère piloté par un Valaisan expérimenté, seul à bord, et deux wingsuiteurs.
«Le pilote ne s’est pas méfié des parachutistes»
Cet après-midi de juin, un Pilatus Porter PC 6 largue plusieurs parachutistes au-dessus de l’aérodrome de Fribourg-Ecuvillens dont deux wingsuiteurs. Les conditions météo sont bonnes, la visibilité excellente. «Au même moment, un hélicoptère qui transitait de Limberg (ZH) vers l’aéroport de Lausanne-Blécherette est passé à la verticale du terrain. Le pilote ne s’est pas méfié des parachutistes, raconte Michel Cochard, chef de place de l’aérodrome fribourgeois. Il était à 4250 pieds (1300 mètres d’altitude).»
«On a évité un grave accident»
«A mon avis, le pilote de l’hélicoptère n’a rien vu et ne l’a appris qu’à son atterrissage à Lausanne. Il a survolé le terrain sans être sur notre fréquence radio et sans s’annoncer, ajoute le chef de place. Ce n’est pas obligatoire, mais recommandé. Comment ne pas se préoccuper de ce qu’il se passe? On a évité un grave accident.» C’est lui qui a déclaré le cas aux autorités fédérales d’enquête en matière d’aviation, autrement dit au SESE. Et d’expliquer l’heureux épilogue: «Les wingsuiteurs, eux, ont tout vu. Ils étaient au-dessus de l’engin. Ils ont réussi à freiner et éviter la collision en ouvrant leurs parachutes».
Quid des responsabilités?
Ecuvillens est un aérodrome dit «non contrôlé», sans tour de contrôle ni zone de contrôle (ndlr. CTR) de son espace aérien. Le contrôle radio n’y est pas obligatoire. Quid de la responsabilité du pilote en vol à vue? Plusieurs sources confirment «qu’il n’aurait pas non plus utilisé les cartes traditionnelles mais un nouveau système non officiel sur tablette qui ne dispose pas forcément de toutes les indications requises». Le Service suisse d’enquête de sécurité (SESE) est très prudent à ce stade. «L’enquête ne fait que commencer, précise Florian Reitz en charge du cas d’Ecuvillens. Il y a effectivement eu ce rapprochement en trajet vertical.»
«Je me baserai sur leurs déclarations»
«Le transpondeur de l’hélicoptère (ndlr. un Agusta A109S) nous donnera les indications de son altitude notamment, poursuit l’enquêteur. Pour les wingsuiteurs, nous ne disposerons pas de leur trajet précis. A ce stade, nous ne connaissons pas les circonstances exactes de l’incident et comment ils ont pu éviter la collision», note aussi l’expert du SESE. Quid encore de la proximité des deux hommes volants et de l’aéronef? L’hélicoptère a-t-il vraiment traversé sans rien remarquer? «Je dois vérifier tout cela. Je me baserai sur les déclarations du pilote avec lequel je suis déjà en contact et sur celles des deux wingsuiteurs.»
No comment de l’exploitant
L’Agusta incriminé est stationné à l’aéroport de Sion (VS) et fait partie de la flotte de la compagnie d’hélicoptères Alpine Helicopters SA. Contacté, son directeur Pierre Luyet a refusé de nous parler. Il nous a fait savoir par son secrétariat «qu’une enquête était en cours et qu’il n’avait pas de commentaires à faire.»