HumourUn livre révèle les stupéfiants dessous cachés des BD
Les auteurs ne créent pas eux-mêmes leurs histoires, ce ne sont pas les héros qui réalisent les cascades dans les albums et la fusée de Tintin est en os: la vérité éclate enfin au grand jour.

Vous pensiez que la bande dessinée pouvait se résumer à un dessinateur et à un scénariste (qui ne sont parfois qu’une seule et même personne), avec un éditeur et qu’on avait ainsi grosso modo fait le tour de la question? Détrompez-vous. Le 9e Art est bien plus complexe que cela. Voire carrément tordu. Et que tout ce que nous croyons savoir n’est que poudre aux yeux, illusion pour masquer une entreprise quasi machiavélique.
Heureusement, Emmanuel Reuzé (au dessin) et Jean-Luc Coudray (pour les textes) nous révèlent enfin le vrai visage de l’industrie des petits Mickeys dans leur livre «Les métiers cachés de la bande dessinée». On y apprend, avec un frisson dans le dos, que le scénariste n’écrit pas les scénarios. Il lit tout ce qui est produit et colle son nom sur l’album qui lui plaît, volant ainsi le véritable auteur. Que si tous les fans de BD qui font la file dans les dédicaces se ressemblent, c’est parce qu’ils sont du même père, le reproducteur de lecteurs, qui se glisse la nuit dans la couche de celui qui méprise le genre pour faire en douce l’amour à sa femme.
Titeuf tout nu
Horrible? Ce n’est pas tout. Un super-héros s’envolant d’un building ne fait pas cela lui-même. Il est doublé, pas par un mais par des multiples cascadeurs qui, ne sachant voler, se tuent, mais comme c’est entre les cases, on ne le voit pas. Les auteurs nous dévoilent également la vraie anatomie des héros, montrant qu’Iznogoud est en fait un génie qui ne pourra jamais réaliser son vœu de devenir calife puisqu’il ne peut concrétiser que le désir des autres et pas le sien. Et que la Castafiore a eu une jumelle qui a été enfermée dans un bocal de formol afin d’éviter d’avoir ce terrible chant en stéréo.
Et si des métiers de la BD que l’on croit connaître existent bel et bien, ils ne fonctionnent pas du tout comme nous l’imaginions. Tiens, le critique, par exemple, qui se doit d’être un passionné pour lire autant d’albums. Sauf que pour supporter cela, il doit être bon public et donc pas pertinent. Le vrai critique n’aimerait quasi rien et n’en parlerait donc jamais ou presque. Merci aux auteurs de remettre les choses à leur juste place.
«Les métiers cachés de la bande dessinée», est une merveille surréaliste, de non-sens délirant qui titille les zygomatiques mais fait quand même craindre pour la santé mentale des auteurs. Qui ne manquent vraiment pas d’imagination. À moins que l’on nous cache encore quelque chose et que ce livre soit l‘œuvre de forces encore plus obscures.

«Les métiers cachés de la bande dessinée», de Jean-Luc Coudray et Emmanuel Reuzé, Éditions i, 184 pages.