Mule malgré elle: Le calvaire d’Élisabeth, Suissesse piégée en Colombie

Publié

Mule malgré elleLe calvaire d’Élisabeth, Suissesse piégée en Colombie

Une retraitée alémanique doit purger une peine de 5 ans de prison en Colombie, pour avoir suivi aveuglément son mari, piégé par des trafiquants de cocaïne.

Eric Felley
par
Eric Felley
Élisabeth Baumgartner interrogée au mois de mars par les journalistes de «Mise au point».

Élisabeth Baumgartner interrogée au mois de mars par les journalistes de «Mise au point».

RTS

Intitulé «Very bad trip», le reportage diffusé dimanche soir par «Mise au Point» sur la RTS raconte l’histoire à peine croyable d’une retraitée alémanique âgée de 78 ans, qui est aujourd’hui en résidence surveillée à Bogota. Elle a été condamnée au mois de mars dernier à une peine de cinq ans et quatre mois de prison et à une amende de 140’000 dollars pour trafic de cocaïne. Pourtant, rien ne la prédestinait à se trouver en pareille situation à son âge.

Élisabeth et Peter Baumgartner forment un couple de retraités, qui coulent une vie confortable à Gams dans le canton de Saint-Gall. Lui passe volontiers son temps sur internet à chercher des bonnes combines. En septembre 2021, il reçoit un mail qui lui promet «un mystérieux héritage de plusieurs millions de francs, avec un voyage en Colombie». Elle est d’abord réticente, mais elle finit par accepter de venir avec lui pour fêter leurs trente années de mariage. Tout va bien, ils reçoivent les billets et s’envolent le 17 septembre pour la capitale colombienne. Leur contact leur a également fait parvenir 1000 dollars d’argent de poche. «La semaine là-bas, c’était super, raconte Peter. Tout était merveilleux».

«100% légal»

Puis il rencontre le «contact» sur place, qui leur explique qu’ils doivent retourner à Belgrade pour signer des papiers. En même temps, ils doivent emporter un bagage avec un «cadeau» pour un ami. Élisabeth lui a demandé alors: «Mais est-ce que tout ça c’est légal?» Et l’homme a certifié: «100% légal». Il s’agissait de tubes plastifiés de 30 centimètres de haut avec des petits rouleaux dedans et «deux petits livres d’images». Elle aurait dû se méfier, mais l’avion du voyage était à nouveau offert.

Alors qu’ils étaient déjà installés dans l’avion qui devait les emmener, prêts à partir, une hôtesse est venue vers elle pour lui demander de la suivre. À partir de là, sa vie a basculé. Des policiers l’ont emmenée et ils ont rapidement découvert la cocaïne qui se trouvait dans les tubes. Pour elle, qui n’avait jamais vu de cocaïne de sa vie, ce fut le choc. D’autant plus qu’il y en avait pour trois kilos. Comme ce bagage était à son nom, les policiers colombiens n’ont arrêté qu’elle. Lui a pu repartir.

«C’est un homme libre»

Elle a passé trois semaines dans la prison pour femmes de Bogota, dans des conditions très difficiles. Grâce à l’ambassade de Suisse, elle a pu bénéficier ensuite d’une assignation à résidence en attendant son procès, où on lui a conseillé de plaider coupable pour éviter de prendre 12 ans de prison. Quant à son son mari, elle lui en veut, c’est clair: «C’est lui qui m’a mis dans cette situation et il l’assume pleinement. Il dit aussi que c’est de sa faute. Mais il n’est pas en Colombie. C’est un homme libre…»

Dorénavant, tout ce qu’elle veut, c’est pouvoir rester en résidence surveillée plutôt que de retourner purger sa peine à «El Buen Pastor». Elle peut espérer rentrer dans quatre ans en Suisse. À 82 ans.

Ton opinion

70 commentaires