Critique: le petit Napoléon illustré

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Sortie cinémaCritique: le petit Napoléon illustré

De la décapitation de Marie-Antoinette à l'exil de Sainte-Hélène, la fresque de Ridley Scott, qui sort ce mercredi, ennuie plus qu'elle émerveille.  

Jean-Charles Canet
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Jean-Charles Canet

De la décapitation de Marie-Antoinette (1793) à l'exil de Sainte-Hélène (1815-1821), en passant par la reprise du port de Toulon (aux anglais), la campagne d'Égypte, la bataille d'Austerlitz et celle de Waterloo, «Napoléon», ambitieuse fresque mise en images par Ridley Scott dure presque trois heures (157 minutes en fait) mais, malgré cela, on ne peut éviter de penser à l'adage «Qui trop embrasse mal étreint», tant le film semble passer d'une séquence à l'autre en prenant de terribles raccourcis, parfois au mépris de l'exactitude historique.

Ce long métrage produit par Apple, qui rejoindra donc le catalogue Apple TV+ à une date encore indéterminée, mais sans doute assez proche, bénéficie pour l'heure d'une sortie en salles.    

La bande annonce (VF) de Napoléon.

SonyPicturesFR

Qu'a-t-on constaté? D'abord que c'est indéniablement un film de Ridley Scott, le réalisateur d'«Alien», de «Blade Runner», de «Gladiator» mais aussi de «Prometheus», de «Tout l'argent du monde» et du «Dernier duel». On distingue indéniablement sa patte et son savoir-faire: des cadres soignés, une direction d'acteur irréprochable, une distance courtoise par rapport à son sujet et une propension à préférer les couleurs froides de l'hiver et de la pluie, aux scènes baignées d'un étincelant soleil.

Ensuite que ce «Napoléon» n'est en rien une biographie respectueuse d'un grand homme devenu, pour certain, un mythe. Bonaparte (très professionnellement incarné par Joaquin Phoenix) est décrit comme un humain un peu rustre compte tenu de ses origines, tantôt habile, tantôt opportuniste, parfois chanceux. Et surtout amoureux de Joséphine de Beauharnais (Vanessa Kirby), une relation que le long métrage empoigne sur la longueur, mais sans s'appesantir ou entretenir les clichés. On y découvre notamment que Napoléon est un bien piètre amant.

Du coq à l'âne

Malgré les qualités de la manufacture, et une certaine efficacité de l'ensemble, on ne cache cependant pas avoir suivi la fresque historique en affichant un ennui poli. Pas assez pour que cela se traduise par un agacement insupportable, mais suffisamment pour esquisser un bâillement, même au cœur trépidant de la bataille de Waterloo. Dans ce montage «cinéma» dont l'effet est similaire à ce que procure la lecture d'une page Wikipédia, Scott passe du coq à l'âne à marche forcée sans parvenir à donner à son récit une portée autre qu'anecdotique.

On n'est pas certain que le montage d'une version longue de largement plus de quatre heures (que Ridley indique faisable, ce qui doit encore être officialisé) puisse apporter la profondeur qui semble manquer au film tel qu'il est.       

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