Martine Brunschwig Graf va nous manquer

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CommentaireMartine Brunschwig Graf va nous manquer

Présidente depuis 12 ans de la Commission fédérale contre le racisme, elle a toujours tenu un langage clair.

Eric Felley
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Eric Felley
Martine Brunschwig Graf lors de son apparition dimanche soir sur la RTS

Martine Brunschwig Graf lors de son apparition dimanche soir sur la RTS

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Y a-t-il du racisme et de l'antisémitisme en Suisse? La présidente de la Commission fédérale contre le racisme et l'antisémitisme a toujours répondu par l'affirmative. Depuis 12 ans, c'est elle qui tire la sonnette d'alarme quand les choses dérapent.

Née à Fribourg en 1950, d'une mère catholique et d'un père juif, Martine Brunschwig Graf a fait carrière politique à Genève en devenant membre du Parti libéral et conseillère d'État durant 12 ans. En 2003, elle a été élue au Conseil national, où elle a fait deux périodes.

En 2012, elle a repris la tête de cette commission fédérale créée en 1995. Depuis, elle n'a pas eu froid aux yeux pour assumer ce rôle en confrontant régulièrement la Suisse à la problématique du racisme. «Le système lui-même peut produire du racisme institutionnel ou systémique, note-elle dans une interview du Temps paru la semaine dernière, raison pour laquelle on doit rendre les institutions attentives au fait que la discrimination raciale peut exister sans que nécessairement les gens en soient totalement conscients».

Encore dernièrement, durant la campagne des élections fédérales, sa commission a écrit à la direction de l'UDC pour lui demander de mettre un terme à sa campagne de dénigrement contre les étrangers. Elle s'est fait très mal recevoir, mais elle n'a jamais été du genre à se laisser intimider: «Nous avons le devoir d’attirer l’attention sur des choses qui créent dans la société un climat hostile à l’égard de certains groupes», s'est-elle défendue, malgré que son propre parti se soit allié avec l'UDC lors de ces élections.

Le fait que Martine Brunschwig Graf a toujours porté l'étiquette du PLR l'a sans doute aidé dans sa tâche. Souvent, elle a donné l'impression de défendre un mantra de gauche - l'antiracisme - mais en le légitimant davantage par son appartenance à un parti de droite. Dans son interview au «Temps», elle fait cette observation: «Être traité avec respect et sans discrimination fait partie des droits fondamentaux qu’il est important de défendre, indépendamment de toute couleur politique».

À la fin de cette année, elle va quitter la présidence de la commission et sera remplacée par l'ex-conseillère nationale, Ursula Schneider Schüttel (PS/FR). Espérons que cette dernière parviendra à imposer autant de légitimité à cette commission dans les temps troublés que nous vivons, où les poudrières sont nombreuses et les bouteurs de feu à l'affût. Martine Brunschwig Graf a en tout cas montré la voie du courage et de la détermination.

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