Présidentielle françaiseChristiane Taubira remporte la controversée primaire populaire
L’ex-garde des Sceaux a été désignée comme la candidate unique de la gauche française dimanche soir, lors d’un scrutin ignoré par ses principaux concurrents, tels Mélenchon ou Hidalgo.

Christiane Taubira va appeler les autres candidats de gauche pour faire «l’union».
AFPChristiane Taubira a remporté sans surprise, dimanche, la primaire populaire, une consultation citoyenne destinée à avoir une candidature unique à gauche pour la présidentielle, mais dont la plupart des principaux candidats ont refusé de reconnaître la légitimité.
Quelques 392’000 personnes ont participé au vote, qui s’est déroulé par internet de jeudi à dimanche. Les électeurs devaient attribuer à chaque candidat une mention.
«Merci pour votre confiance!»
Dans ce «jugement majoritaire, Christiane Taubira a obtenu la mention «bien plus», devançant l’écologiste Yannick Jadot (assez bien plus), l’insoumis Jean-Luc Mélenchon (assez bien moins), l’eurodéputé Pierre Larrouturou (passable plus) et la socialiste Anne Hidalgo (passable plus).
«Merci pour votre confiance!» a déclaré Christiane Taubira devant ses militants, dans son QG à Paris. «Nous voulons une gauche unie, nous voulons une gauche debout. Nous avons une belle route devant nous, je suis fière, je mesure le poids de cette confiance, nous n’avons pas le droit d’abandonner», a-t-elle ajouté.
Favorite de cette primaire qu’elle était la seule à soutenir, l’ex-ministre de la Justice va désormais tenter de rassembler les autres candidats de gauche.
«Je sais leurs réticences, mais aussi leur intelligence et leur sens de l’intérêt général», a-t-elle souligné. «Cette union, nous la construisons ensemble», a-t-elle ajouté, devant des militants enthousiastes qui scandaient «Union, union». «Notre sort appelle aujourd’hui l’union et le rassemblement», a-t-elle insisté.
Une tâche difficile, voire impossible, puisque ses principaux concurrents ont tous assuré qu’ils poursuivraient leur campagne quel que soit le verdict.
Ne pas «être mêlés à cette affaire»
À la base, la primaire populaire avait un objectif simple: désigner un champion capable de réunir toute la gauche pour porter le fer à la présidentielle et pousser la porte du deuxième tour. Pour cela, cette initiative citoyenne a fini par sélectionner sept candidats, issus des différentes sensibilités de gauche: écologiste, socialiste et insoumise. Limpide.
Sauf que trois des sept candidats et pas des moindres – Anne Hidalgo, Yannick Jadot, Jean-Luc Mélenchon – ont demandé, en vain, à ne pas être mêlés à cette affaire et refusent quoi qu’il en soit de se plier au résultat du vote. «Pour moi, la page de la primaire populaire est tournée depuis un moment», a répété Yannick Jadot samedi.
Quant à la présidente du groupe socialiste à l’Assemblée, Valérie Rabault, elle a dénoncé dimanche sur radio J «une fausse primaire». «Mettre des candidats à l’insu de leur plein gré, c’est antidémocratique, c’est ahurissant», a ajouté cette porte-parole d’Anne Hidalgo.
Jean-Luc Mélenchon avait, lui, décrit la primaire populaire comme «une farce».
À l’heure actuelle, la gauche se situe à un score historiquement bas dans les sondages, avec seulement un quart des intentions de vote, loin derrière le président et quasi-candidat Emmanuel Macron, favori avec environ 25%, suivi au coude à coude de Marine Le Pen (RN) et Valérie Pécresse (LR).