BienneLes abus au Service des migrations font réagir les partis
Du sexe ou de l'argent contre un titre de séjour: ces pratiques soulignent la lenteur des procédures.

Les partis politiques biennois sont sens dessus-dessous après l'annonce de cas de corruption passive et d'abus de confiance au sein du Service des migrations. Selon «Le Journal du Jura», nombre d'élus se demandent pourquoi personne n'a réagi plus tôt, alors que les dysfonctionnements étaient connus.
«On a profité de la vulnérabilité des citoyennes et citoyens pour abuser de leur confiance», résume une élue socialiste, en précisant que son parti a tiré la sonnette d'alarme sur les nombreux retards dans l'obtention des permis de séjour. Une lacune propice aux abus.
Processus de réorganisation
Chez les radicaux, les parlementaires saluent la démarche de leur élue Natasha Pittet, directrice de l'Action sociale et de la sécurité depuis un an, laquelle a ordonné une enquête externe et un processus de réorganisation.
Les situations problématiques remontent à «un certain temps», selon les autorités. Selon «Le Journal du Jura», tous les regards se tournent vers le prédécesseur de Natasha Pittet, l'UDC Beat Feurer, en place pendant dix ans avant de changer de département.
Personne n'a réagi
«Cette situation aurait pu être évitée si l'on s'y était intéressé plus tôt. Or personne n'a réagi», constate une élue socialiste. Beat Feurer est défendu par son parti, sachant qu'il a également procédé à «quelques réorganisations et améliorations».
Au micro de la radio «Canal 3», un député Vert désigne une cause structurelle: «Notre système d'asile est axé sur la dissuasion et l'usure. On met en place des obstacles pour éviter que trop d'étrangers n'entrent dans le pays», a indiqué Christoph Grupp.
La présomption d’innocence prévaut
La Direction biennoise de l’action sociale et de la sécurité a dénoncé ou signalé au Ministère public du Jura bernois / Seeland trois affaires de corruption passive et d'abus de confiance relevant du droit pénal.
Dans un cas de corruption passive, des prestations sexuelles ont été exigées contre la garantie de l’obtention rapide d’un titre de séjour. La personne concernée a refusé l’«offre» répréhensible et après avoir obtenu son titre de séjour de manière régulière, a informé l'autorité. Le collaborateur inculpé a été immédiatement suspendu de ses fonctions pour une durée indéterminée, mais pour les autorités, «la présomption d’innocence vaut jusqu’à la clôture définitive de la procédure pénale».
L'autre cas de corruption passive dénoncé concerne un collaborateur qui aurait exigé le versement d’argent contre la prétendue garantie de l’obtention rapide d’un titre de séjour. La personne inculpée n’a toutefois pas pu établir le titre de séjour faute de compétences en la matière.
Dans le cas d’abus de confiance, le fonctionnaire concerné a avoué les faits et a remboursé le montant détourné. Son contrat de travail a été résilié avec effet immédiat.