Bande dessinéeLe père des Bidochon nous fait un drôle d'AVC
Binet raconte l'histoire de Marion, qui s'est retrouvée à moitié paralysée à 18 ans et il réussit à le faire avec humour.

La présentation de la BD par les deux auteurs.
DargaudLa genèse de cet album est assez incroyable. Elle est racontée en préface par Marion Lachat. Elle qui lisait des BD depuis l'enfance, dont les Bidochon de Binet, n'a plus pu lire que cela après l'AVC qui l'a laissée à moitié paralysée alors qu'elle avait 18 ans. Elle a raconté ensuite son histoire dans un livre, qu'elle a dédicacé, notamment à Binet, qui avait réussi à la faire sourire avec ses albums, même pendant les périodes les plus difficiles.
Sauf que Binet lui a répondu et, passant près de chez elle, lui a proposé d'aller dîner avec sa femme et lui. Trois jours plus tard, le dessinateur lui proposait de raconter son histoire en BD. Voici donc l'album «Marion». Et comme le dit cette dernière en conclusion de sa préface: «c'est une bande dessinée triste, révoltante... et pourtant drôle. C'est bien du Binet.»
L'humoriste du quotidien
C'est tellement vrai! On connaît le bonhomme qui, avec Robert et Raymonde, soit Monsieur et Madame Bidochon, scrute le quotidien le plus banal depuis des années pour en extraire des perles d'humour venant de situations où, d'habitude, on ne rit pas. Il parvient à faire exactement la même chose avec ce tragique récit de vie.
L'AVC, le douloureux réveil, l'incapacité à faire la majorité des choses, la lente rééducation, tout est montré dans sa plus froide réalité, mais Binet trouve toujours le ridicule ou le loufoque dans ces situations. Le regard des autres sur Marion est aussi central et souvent cruel. Elle a dû en baver, mais relire ces moments dans cet album doit aujourd'hui la faire rire.
Car Marion, à 36 ans, est devenue maman malgré son handicap et elle se bat toujours. C'est sa pilule contraceptive qui est responsable de son AVC, mais les tribunaux ne l'ont pas encore admis. C'est cher payé la liberté sexuelle pour les femmes, dit l'avocat de Marion. Quant à Binet, la pilule, même amère, il sait nous la faire avaler avec une malicieuse humanité.

«Marion», de Binet et Marion Larat, Éd. Dargaud, 48 pages