JusticePierin Vincenz et Beat Stocker jugés coupables
Le tribunal de district de Zurich a rendu son jugement: Pierin Vincenz est condamné à trois ans et neuf mois de prison. Beat Stocker, l’autre principal coaccusé, écope, lui, de quatre ans.

Pierin Vincenz et son avocat au début du procès.
Urs JaudasLe tribunal de district de Zurich a rendu son jugement dans le procès contre Pierin Vincenz, ex-patron de Raiffeisen, accusé d’escroquerie, d’abus de confiance, de falsifications de documents, et d’autres méfaits. Ce dernier a été condamné à trois ans et neuf mois de prison. Beat Stocker, l’autre principal coaccusé, écope lui de quatre ans de prison.
Les deux principaux accusés devront également payer des millions de dommages et intérêts. Les frais de justice s’élèvent au total à 200’000 francs que tous les accusés doivent payer. Des peines pécuniaires ont également été prononcées contre trois autres coaccusés pour complicité.
Abus de sa position de confiance
Le juge Sebastian Aeppli a justifié le jugement en affirmant que les accusés étaient conscients que leurs actions les plaçaient dans une situation de conflits d’intérêts et qu’ainsi ils violaient leur devoir de loyauté envers Raiffeisen et Aduno. «C’était malicieux», a-t-il déclaré. Pour la fixation de la peine, le juge a affirmé que Pierin Vincenz a abusé de sa position de confiance: «Il y a une faute considérable avec une énergie criminelle relativement élevée». Le tribunal a qualifié Beat Stocker de «frontman». Sa peine est plus élevée car son bénéfice aurait été plus important que celui de Pierin Vincenz.
Le jugement écrit sera rendu en été. Il comprendra plus de 500 pages. «Le jugement est faux et il y a un appel», a scandé l’avocat de Vincenz, en sortant du tribunal. De leur côté, les condamnés ne se sont pas exprimés.
Réactions politiques
En revanche, les politiques se montrent surpris par la longueur de la peine. «Trois ans et neuf mois, c’est étonnamment élevé. Je m’attendais à une peine plus basse», déclare le Zurichois Daniel Jositsch, conseiller aux Etats socialiste. «Je pourrais m’imaginer que le montant de la peine de prison soit revu à la baisse par la prochaine instance», poursuit-il.
Le Conseiller aux Etats UDC (SH), Hannes Germann, est aussi surpris par ce verdict. «Je m'attendais à ce que Pierin Vincenz s'en sorte avec une peine avec sursis, c'est-à-dire moins de deux ans», avoue-t-il. Il estime toutefois que cette peine est appropriée: «cela montre qu'on ne laisse pas simplement filer un gros poisson».
«Les excès en matière de frais, les bonus excessifs, l'absence de règles du jeu et de contrôles nuisent à l'image de la place financière suisse», estime pour sa part Regula Rytz, conseillère nationale bernoise des Verts. Ce procès monstre est aussi un règlement de comptes avec une culture bancaire qui, espérons-le, appartient au passé, conclut-elle.