Football - Musa Araz et la blessure du parachutiste

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FootballMusa Araz et la blessure du parachutiste

Le milieu de terrain du FC Sion vient de surmonter cinq mois de convalescence. Avec la maturité d’un habitué et la sagesse d’un homme qui ne veut plus manquer une miette de sa carrière.

Florian Vaney
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Florian Vaney
Musa Araz tout en souplesse à la Tuilière, quelques minutes avant sa blessure.

Musa Araz tout en souplesse à la Tuilière, quelques minutes avant sa blessure.

Pascal Muller/freshfocus

Quelle est cette malédiction romande qui s’abat sur Musa Araz? Le Fribourgeois voit encore parfois s’afficher le visage de Nicolas Lüchinger dans son esprit, lorsqu’il repense à ses années au Lausanne-Sport. Un derby face à Sion, un contact avec le latéral valaisan pour une vilaine blessure à la cheville. On est début 2017.

Trois ans plus tard, Musa Araz est Xamaxien. En face de lui… Sion, et celui qui est aujourd’hui son coéquipier: Anto Grgic. Un geste maladroit de ce dernier, une main piétinée, cassée. Le passage à l’infirmerie est court, mais le souvenir ne s’efface pas. La malédiction s’étend.

Décor numéro 3: la Tuilière, un jour de septembre dernier. Le Sion de Musa Araz commence à enchaîner les résultats, lui à devenir un pion important de l’échiquier sédunois. Vu de loin, son contact avec le Lausannois Brahima Ouattara ne semble pas en mesure de remettre en question quoi que ce soit. D’ailleurs, l’arbitre du jour s’en va réprimander le Fribourgeois… qui vient de voir ses deux malléoles gauches se briser. «J’ai entendu un clac-clac. J’ai su que ce serait long.»

Long, c’est cinq mois. Trop pour rester sagement assis à attendre que ça passe. Pas assez pour se laisser surprendre par des idées noires. «Je sais que d’autres font appel à un psychologue ou à un coach mental dans ces cas-là. C’est très bien. Pour mon cas, ça n’a jamais vraiment fonctionné. Je suis un fonceur, mes motivations n’ont jamais flanché», livre le demi. Suffisamment guéri pour pouvoir de nouveau prétendre à une place dans le onze de Paolo Tramezzani. Suffisamment mature pour comprendre qu’il ne s’agit pas d’une ligne d’arrivée.

«J’ai entendu un clac-clac. J’ai su que ce serait long»

Musa Araz, milieu de terrain du FC Sion.

«En fait, je n’ai jamais pris autant de temps pour ma santé qu’en ce moment. Je suis là une heure avant chaque entraînement, je repars une heure après. Mon quotidien de footballeur a changé. Le problème n’est pas l’effort en soi, mais la récupération. Si je ne fais rien, je sais que ma cheville va me le faire payer les jours suivants.» Mais s’il en fait trop, l’ascenseur peut l’envoyer dans l’autre sens. «Ç’aurait été un vrai problème il y a quelques années. T’es jeune, tu veux aller plus vite que la musique pour retrouver ta place. Cette fois, j’ai juste connu un petit souci avec mon mollet, qui aurait pu morfler si j’avais poussé davantage la machine. Les médecins ont décelé ça à temps, je me suis calmé et tout s’est très bien passé.»

S’il avait plu ce jour-là…

Ses médecins, d’ailleurs, étaient bien contents de pouvoir s’appuyer sur les très nettes images qui ont filmé la scène de la blessure pour établir un diagnostic. «Ce qui m’est arrivé, c’est… peu commun. Généralement, on se casse une malléole à la fois. Rarement les deux. On m’a expliqué que c’était la blessure du parachutiste. Que ça peut arriver lors d’un puissant impact au sol. S’il avait plu ce jour-là, mon pied aurait sûrement glissé et tout se serait bien terminé. En l’occurrence, il s’est planté dans le sol et le contact s’est occupé du reste.»

Dès lors le décompte a commencé, pour celui qui attend surtout de pouvoir revivre une saison pleine. «C’est vrai que parfois tu rentres à la maison et ta femme te demande: pourquoi encore toi? J’arrive à me dire que je ne suis pas si malheureux, que j’ai toujours évité les petites blessures qui reviennent sans cesse et te handicapent sur la longueur. Et puis, j’ai suivi avec intérêt l’avancée de l’équipe.»

«Généralement, on se casse une malléole à la fois. Rarement les deux. On m’a expliqué que c’était la blessure du parachutiste. Que ça peut arriver lors d’un puissant impact au sol»

Musa Araz

Un FC Sion qui nage dans une sérénité dont il avait oublié le parfum. Bien loin de l’Europe, certes, mais enfin débarrassé des grandes opérations commando pour sauver sa place en Super League. «Psychologiquement, on est bien plus forts qu’avant. C’est peut-être dû à la façon d’être de notre coach, qui véhicule énormément d’émotions.» Musa Araz peut à nouveau y goûter. Reste à savoir si Tourbillon aussi. Zurich et ses neuf victoires de rang s’y déplacent dimanche.

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