Guerre en Ukraine – Le missile qui a visé la gare de Kramatorsk a fait au moins 52 morts

Publié

Guerre en UkraineLe missile qui a visé la gare de Kramatorsk a fait au moins 52 morts

Un bombardement a frappé une gare de l’est de l’Ukraine, vendredi, faisant des dizaines de victimes parmi les civils qui tentaient de fuir les combats.

Le missile s’est abattu vers 10h30, à l’heure où les candidats à l’évacuation se regroupent depuis des jours par centaines: au moins 52 personnes, dont cinq enfants, ont été tuées, vendredi, dans un bombardement sur la gare de Kramatorsk, dans l’est de l’Ukraine. En cette fin de matinée, un silence de mort règne sur la coquette gare au fronton de briques rouge et blanc, et sa grosse locomotive à vapeur des années 1930 installée sur la pelouse du rond-point où stationnent, d’habitude, taxis et familles des voyageurs.

Sur la pelouse du parvis devant la gare, un ruban de police interdit de s’approcher trop près des restes d’un imposant missile kaki tordu. «C’était un missile Tochka, une bombe à fragmentation», a affirmé à l’AFP un officier de police. «Il explose en plusieurs endroits, sur une superficie de la taille d’un terrain de football.» À en croire le sang sur le sol et les témoignages recueillis, les victimes ont été fauchées en plusieurs endroits de la gare, sur le quai principal attenant et son parvis.

«Pour nos enfants»

Sur le missile est tagué en russe, à la peinture blanche, «Pour nos enfants». Une sentence qui sonne comme une vengeance, expression récurrente des séparatistes prorusses en référence à leurs enfants tués depuis la première guerre du Donbass, commencée en 2014.

Un coup d’oeil au parvis donne vite une idée de l’ampleur de la tragédie: de longues traînées de sang, des bris de verre, des bagages abandonnés éparpillés partout. Même spectacle un peu plus loin, sur le quai: une canne gît près d’un écoeurant amas de chair informe. Là, un lapin en peluche rougi par le sang…

Un sac à main en cuir, intact, est posé à deux pas d’un point d’impact qui a troué le béton, un pied arraché dans sa chaussure de basket est encore visible sous un banc où patientaient les candidats au départ. Au milieu des bris de verre, un policier ramasse ici et là, dans un carton, les téléphones sanguinolents, dont l’un sonne dans le vide.

Victimes de tout âge

Ce qui vient de se passer est une boucherie. On ne peut s’empêcher d’imaginer les cris et l’horreur de la foule quand se sont abattus les shrapnels. Les corps déchiquetés ou criblés d’éclats ont été rassemblés dans un coin du parvis, sous les auvents de petites boutiques où les voyageurs achètent d’habitude une boisson ou des cacahuètes avant de sauter dans le train.

«Beaucoup de blessés vont mourir, car ils ont perdu beaucoup de sang, et nous manquons de sang ici…»

Un militaire ukrainien ayant secouru des blessés à Kramatorsk

Dans ce sinistre alignement, on comptabilise plus d’une trentaine de corps, dans les sacs mortuaires ou sous des bâches plastiques vertes. À une main vieillie déjà blanchie par la mort, une botte de fourrure enfantine, une calvitie, on devine que les victimes sont de tout âge.

La tente qui accueillait et abritait ordinairement les familles du froid ou de la pluie a été soufflée par l’explosion, sa bâche kaki découpée pour ramasser et couvrir les dépouilles. Sous les ordres d’un médecin militaire, des soldats et policiers procèdent déjà péniblement à l’évacuation des corps à bord d’un camion mortuaire de l’armée. Certains sacs ne pèsent pas, deux hommes suffisent à les monter dans le fourgon, vraisemblablement un enfant ou des morceaux de corps.

Un petit chien a survécu

À côté de tous ces corps sans vie alignés, un secouriste a déposé un chihuahua entouré d’un tissu noirci, hébété mais encore vivant, la mâchoire trouée par un éclat. L’animal attire tous les regards. Beaucoup de familles emportaient dans leur exode leurs animaux de compagnie.

Une centaine de personnes ont été hospitalisées, notamment dans un hôpital militaire. «Une cinquantaine étaient dans un état grave, beaucoup vont mourir car elles ont perdu beaucoup de sang, et nous manquons de sang ici», a commenté un militaire sur place, ayant participé à la réception des blessés. 

Moscou accuse Kiev d’avoir «orchestré» la frappe

(AFP)

Ton opinion