FranceTraumatisée par 44 heures aux urgences, elle se laisse mourir
En région parisienne, une femme poursuit un hôpital suite au décès de sa mère octogénaire.

L’hôpital Simone-Veil, à Eaubonne, est accusé de «délaissement d’une personne hors d’état de se protéger».
GoogleMapsUne habitante de Beauchamp (Val-d’Oise), en région parisienne, a porté plainte contre un hôpital. L’établissement, selon elle, est responsable d’avoir entraîné la mort de sa mère, qui avait dû attendre 44 heures aux urgences.
Le 19 décembre, Josette, 83 ans, est menée aux urgences de l’hôpital Simone-Veil, à Eaubonne. Il est alors 19 heures. Elle a de la tension, une saturation basse et une insuffisance rénale aiguë, détaille «Le Parisien». Elle est «installée» sur un brancard, dans un couloir.
Sa fille arrive deux heures plus tard. Elle trouve alors sa mère, qui est hémiplégique, vêtue d’une chemise de nuit, seulement recouverte par un drap jetable. La fille repart vers minuit et laisse sa doudoune à sa maman pour ne pas qu’elle prenne froid.
L’octogénaire n’est examinée par un médecin que 24 heures après son admission, à 19 heures le lendemain de son arrivée aux urgences. Durant ce temps, elle n’a pas été changée et n’a reçu qu’une compote.
«Un déclencheur»
Quelques heures plus tard, la fille de Josette est enfin informée. On lui dit que sa mère souffre d’une infection urinaire et de déshydratation, d’une insuffisance rénale et d’œdèmes aux membres inférieurs. On lui indique qu’elle va être admise au service de gériatrie aiguë.
Mais après de nouvelles longues heures, l’hôpital annonce finalement que ce service est complet et que l’octogénaire va être reconduite vers sa maison de retraite, où elle devrait recevoir les soins nécessaires. Il est 15 heures, le surlendemain de son admission. 44 heures se sont passées.
Selon sa fille, Josette a été traumatisée et, dès lors, elle a lâché. «Ce passage a été déclencheur pour elle d’un «je ne veux plus», lâche-t-elle pour BFMTV. L’octogénaire refuse de s’alimenter, cesse de parler. Son état se dégrade rapidement et elle décède le 4 janvier.
«Sur l’aspect psychologique, les urgences, cela a été clairement un déclencheur. On avait plein de projets. Nous sommes en 2023, en France, on a un système hospitalier qui devrait être à la pointe. Laisser une femme de 83 ans sur un brancard, sans couverture, pendant 44 heures, ce n’est pas possible. Il faut dénoncer ce genre de choses», détaille-t-elle dans «Le Parisien».
Une «situation critique» à la fin de l’année
Elle a donc porté plainte pour «délaissement d’une personne hors d’état de se protéger». Un délit puni de jusqu’à 5 ans et 75 000 euros d’amende.
L’hôpital incriminé a dit compatir à la peine de la famille. Il ne s’est pas exprimé sur le cas de Josette mais a reconnu une «situation critique» à la fin de l’année 2022, avec la grippe, le Covid, des fermetures de lits et des difficultés de recrutements. «Malgré la mobilisation de nos équipes, le temps d’attente aux urgences a été allongé sur cette période. Nous en sommes sincèrement désolés pour nos patients et leurs proches», a indiqué l’établissement.
Le parquet de Pontoise a confirmé qu’une enquête a été ouverte.