Révélations sur le scandale qui secoue l'Autriche

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Détournement de fondsCinq éléments à savoir sur le scandale de corruption en Autriche

Après la démission du chancelier Sebastian Kurz, le point sur l’affaire qui secoue le pays et mêle malversations et achats d’encarts publicitaires.

La session extraordinaire ce 12 octobre 2021 avec le nouveau chancelier.

La session extraordinaire ce 12 octobre 2021 avec le nouveau chancelier.

Getty Images

L’Autriche est secouée depuis une semaine par un scandale de corruption, qui a contraint son chancelier de 35 ans, Sebastian Kurz, à démissionner et apporte chaque jour son lot de révélations.

Le dossier d’accusation dessine une intrigue ourdie par le jeune politicien – qui nie les faits – et son cercle proche pour accéder au pouvoir.

Voici ce que l’on sait sur cette affaire:

Quels reproches?

«Ballhausplatz Project»: voilà le nom de code de l’opération, qui fait allusion à la place où se situe la chancellerie au cœur de Vienne.

L’AFP a consulté le mandat de perquisition de plus de 100 pages, diffusé par un média dans la foulée des premières perquisitions mercredi dernier.

Les faits qui sont reprochés à Sebastian Kurz et ses fidèles remontent à 2016, selon le parquet.

A cette époque, l’ambitieux conservateur était ministre des Affaires étrangères et aurait alors manigancé avec des proches pour détrôner le président du parti ÖVP Reinhold Mitterlhener et ensuite s’emparer de la chancellerie.

Pour y parvenir, ils sont soupçonnés d’avoir détourné des fonds du ministère des Finances où officiait un fidèle de Sebastian Kurz, Thomas Schmid.

L’objectif était de commander des enquêtes d’opinion «partiellement manipulées» et des articles élogieux, parus dans les médias d’un influent groupe de presse dénommé Österreich.

En échange, ce dernier était récompensé via l’achat de lucratifs encarts publicitaires, d’après les allégations.

Sebastian Kurz, dépeint comme l’homme providentiel pour sauver la droite, prendra la tête du parti en 2017 et provoquera des élections anticipées, remportées haut la main.

Les procureurs évoquent un préjudice «d’au moins 300’000 euros pour l’État» et accusent l’ex-chancelier de «malversations».

Quelles preuves?

C’est la saisie en 2019 du téléphone portable de Thomas Schmid, dans le cadre d’une autre affaire, qui a mis les enquêteurs sur la piste.

Ils sont tombés sur des centaines de messages téléphoniques, courriels et autres documents compromettants.

Dans l’un de ces échanges écrits, Thomas Schmid répond par exemple à un conseiller se plaignant d’une couverture médiatique pas assez favorable à son goût: «c’est parce qu’on ne leur a pas offert assez d’argent».

Sur cette base, le parquet a monté un dossier qui a débouché sur la mise en cause de dix personnes: Sebastian Kurz et ses proches, mais aussi des responsables au sein du groupe de presse et de l’institut de sondage.

Un disque dur effacé?

L’une d’entre elles, soupçonnée d’avoir effacé le disque dur de son ordinateur, a été interpellée mardi, ont rapporté des médias, citant «un risque de collusion» avec les autres protagonistes.

«Les messages montrent clairement» que l’ex-chancelier a été impliqué dès le début dans la planification du pacte, peut-on lire dans le mandat.

Présenté comme «la personne centrale», Sebastian Kurz a décidé de «déclencher son plan en mars 2016 au plus tard» par un premier sondage et a été «régulièrement tenu informé de tous les développements et progrès du projet».

Des accusations démenties en bloc par l’ancien dirigeant.

Quelles conséquences?

A ce stade, aucun des accusés n’est mis en examen.

Dans tous les cas, les conséquences politiques sont déjà lourdes pour Sebastian Kurz, dont l’image est passablement écornée.

Car la presse autrichienne a largement publié ses échanges parfois fleuris ciblant des élus de son camp susceptibles d’entraver sa marche en avant.

Lui et certains de ses proches sont par ailleurs visés par diverses enquêtes.

Elles puisent toutes leur origine dans «l’Ibizagate», un autre scandale retentissant qui avait mis fin à son premier mandat de chancelier.

Oligarque russe

A l’époque, Sebastian Kurz gouvernait en coalition avec l’extrême droite, dont le chef et vice-chancelier avait été filmé en caméra cachée en train de proposer des marchés publics à une jeune femme se faisant passer pour la nièce d’un oligarque russe.

En contrepartie, il lui demandait de racheter un journal influent pour le mettre à son service.

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