CommentaireLa 2G ou la petite lâcheté du Conseil fédéral
En laissant aux acteurs économiques, sportifs ou culturels le choix, dès aujourd’hui, d’accepter ou non les non vaccinés, le Gouvernement se défausse et met les gens dans l’embarras.


Vendredi dernier, un dernier appel pour Alain Berset avant la conférence de presse qui annonce de nouvelles mesures.
Fabrice Coffrini/AFPVendredi dernier, la mesure concernant l’introduction de la règle des 2G annoncée par le Conseil fédéral a surpris les observateurs, car elle ne faisait pas partie du paquet mis en consultation lundi. Jeudi au Conseil national, l’UDC avait tenté d’introduire dans la loi Covid-19 l’interdiction de la 2G, sans succès. 2G donc, pour «Geimpfte oder Genesene», qui signifie vacciné ou guéri. De facto, les non vaccinés ne peuvent plus accéder avec un test aux lieux publics qui choisissent cette solution.
Le Conseil fédéral n’impose pas cette mesure. Les acteurs économiques, sportifs ou culturels de ce pays peuvent l’appliquer ou pas. En échange, un sucre, l’obligation de porter le masque à l’intérieur est levée. Il semble que certaines entreprises, salles de sport ou politiciens y sont favorables. Mais on attend de voir ceux qui oseront afficher la couleur devant leur porte: «Ici s’applique la règle des 2G», qui est une tournure moins violente que: «Ici on n’accepte pas les non vaccinés». Mais qui veut dire la même chose.
Un casse-tête moral
Le Conseil fédéral a laissé la responsabilité de cette discrimination à tout un chacun en fonction de ses intérêts. Dans la restauration, par exemple, ce sera un casse-tête moral. Par principe, un restaurant est un lieu ouvert à toutes et tous. Devoir signifier à une partie de sa clientèle qu’elle n’est plus la bienvenue à cause d’un vaccin, c’est une décision lourde de sens pour la patronne ou le patron. Ne pas le faire, c’est imposer à ceux qui ont fait l’effort de se vacciner de devoir porter le masque.
Cette question se posera d’une manière ou d’une autre à tous les responsables de lieux qui accueillent du public. Avec sa proposition, le Conseil fédéral se défausse, mettant un grand nombre de personnes dans l’embarras. Ce sera d’autant plus difficile à trancher, quand on sait que les vaccinés peuvent aussi transmettre le virus. Dans la situation actuelle, pouvoir enlever son masque dans un endroit fermé et fréquenté est finalement davantage un risque qu’un cadeau.
Alors on attend de voir cette semaine, qui va mettre devant sa porte: «Ici s’applique la règle des 2G».