JuraLes baignades en rivière, c’est stop!
Les conditions de vie jugées «extrêmement difficiles» pour les poissons des petits affluents nécessitent des mesures radicales.

La Golatte à Delémont, vendredi après-midi.
lematin.ch/Vincent DonzéLes vagues de chaleur à répétition et l’absence de précipitations marquées depuis ce printemps rendent les conditions de vie «extrêmement difficiles» pour les poissons présents dans les petits affluents et en amont des plus grands cours d’eau. Ce constat émane des autorités jurassiennes.
«Au vu de la situation météorologique, les problèmes d’approvisionnement en eau déjà constatés localement risquent de s’aggraver», indique ce vendredi l’office jurassien de l’environnement. La population est invitée à ne pas se baigner dans les petits cours d’eau et à limiter la consommation d’eau.
Débit de 0,3 m3/s
Les débits de l’Allaine à Boncourt (0,3 m3/s) et de la Birse à Soyhières (2 m3/s) sont au plus bas et la situation pour les prochaines semaines est donc critique, avec un risque que les conditions deviennent létales pour les principales espèces de poissons dans bien des cours d’eau du canton.
Des opérations de pêche de sauvetage ont été menées ces derniers jours sur une dizaine de kilomètres d’affluents des principales rivières du canton: le Doubs, la Scheulte et la Sorne. D’autres pêches sont en cours et planifiées par les gardes-faune cantonaux, informés par les pêcheurs jurassiens.
Déplacer les poissons
Les opérations réalisées consistent à récolter les poissons dans un bassin oxygéné par un étourdissement électrique puis à les déplacer dans des rivières de plus grand gabarit, leur assurant de meilleures conditions de survie.
Le nombre de ces interventions chronophages est limité et la priorité est donnée aux tronçons abritant les plus grandes populations piscicoles. «Ces pêches ne sont pas sans impact pour les truites et les chabots», précise l’office de l’environnement. Elles sont réalisées en dernier recours, pour laisser un maximum de chance aux poissons de grandir là où ils ont vu le jour.
Les pêcheurs restent à gué et la navigation est à l’arrêt depuis plus d’un mois sur le Doubs, qui flirte avec les 4 m3/s et affiche certains jours plus de 25 °C dans sa partie aval. L’office de l’environnement recommande fortement de privilégier les sites de baignade importants et reconnus, cela afin d’éviter des dérangements dans les sites présentant peu d’eau, la faune se réfugiant également dans les quelques endroits plus profonds et plus frais.

La baignade dans l’Allaine, ici à Porrentruy, est déconseillée.
lematin.ch/Vincent DonzéLes restrictions d’utilisation de l’eau relèvent des distributeurs, à savoir les autorités communales. Au vu de la situation actuelle, l’Office de l’environnement appelle toutefois à économiser l’eau, en réservant son utilisation au strict nécessaire. Il estime que les usages de confort et d’«esthétique», comme le remplissage des piscines privées, le lavage des véhicules et l’arrosage des gazons, ne devraient plus être réalisés.
Il est d’ailleurs probable qu’un nombre important de communes doive décider formellement de telles restrictions dans les jours et semaines à venir. (comm)