PublicitéBienne: des affiches bilingues? Pas si simple…
Un nouveau règlement mis en consultation à Bienne pose un problème aux milieux culturels et économiques, quand il proclame que «toutes les réclames doivent être conçues dans les deux langues officielles».


Une colonne Morris pas tout à fait bilingue, mais presque!
Le matin.ch/Vincent DonzéLégiférer sur l’ensemble des réclames «perceptibles depuis le domaine public, dans un but de publicité, de promotion d’activités culturelles ou sportives, de prévention ou d’éducation», c’est bien. Mais c’est à son article 5 que le règlement sur la publicité mis en consultation à Bienne pose problème aux milieux culturels et économiques.
La pose de réclames sur le territoire communal est régie par un règlement, mais aussi par le plan d’affichage pour «assurer la protection des sites et du paysage». À son article 5, le règlement en gestation prévoit qu’à Bienne, «toutes les réclames doivent être conçues dans les deux langues officielles».
Coût du bilinguisme
Dans la procédure de consultation en cours, cette obligation interpelle. «Je doute qu’un bilinguisme vivant passe par la contrainte», a indiqué à l’hebdomadaire «Biel Bienne» Virginie Borel, directrice du Forum du bilinguisme.
«Appliqué à la lettre, cet article reviendrait à dire que toutes les entreprises et toutes les sociétés sportives, culturelles ou associatives désireuses de faire de la promotion publique à Bienne devraient s’exprimer dans les deux langues», a analysé le journaliste Mohamed Hamdaoui.
Le bilinguisme a un coût qui n’échappe pas à Dänu Schneider, gérant du club «Le Singe»: «Que faire pour un spectacle théâtral uniquement en allemand ou en français? Cela a-t-il vraiment un sens de faire des promotions dans les deux langues?».
Même scepticisme au sein de l’économie: «Des annonceurs savent eux-mêmes quelles sont les personnes qu’ils veulent capter. Et le consommateur est également assez mature», estime la parlementaire radicale Cécile Wendling, membre du comité de l’Union du commerce et de l’industrie Bienne-Seeland/Jura bernois.
Reconnaissance
Directrice du Département de la formation, de la culture et des sports, Glenda Gonzalez Bassi évoque dans «Biel Bienne» le respect envers les deux communautés linguistiques: «Chaque affichage bilingue marque sa reconnaissance des deux langues officielles et donc de la population biennoise dans son ensemble».
La socialiste est intransigeante envers les milieux économiques: «Je ne vois pas au nom de quoi les entreprises commerciales ne pourraient pas faire cet effort pour Bienne». Pour la culture, Glenda Gonzalez Bassi et plus compréhensive: «Ce règlement doit être appliqué avec du bon sens et pas d’une manière purement technocratique». Pas question d’exiger que les affiches des artistes soient traduites lorsqu’elles sont dans une seule langue ou même en anglais.
Le Conseil municipal soumettra son projet définitif au Conseil de Ville, où les débats se déroulent en deux langues. Sans traduction.