Paddock F1Des piercings et des bénéfices
Les premiers essais, à Miami, ont confirmé que le nouvel autodrome est un circuit très rapide où il est facile de sortir de route. Mais dans les coulisses, le futur se précise.

Nouvel aileron
Les Mercedes W13 alignent plusieurs nouvelles solutions à Miami, avant tout pour tenter de résoudre leur problème de marsouinage (les rebonds à haute vitesse). Un nouvel aileron arrière a notamment été amené. Vendredi, George Russell a ainsi signé le meilleur chrono de la journée, avec un Lewis Hamilton quatrième.
Ça va donc mieux, mais… pas tant que ça! «Le bouncing (le marsouinage) est toujours là, regrette Lewis Hamilton. Mais les chronos sont un peu meilleurs. On va voir.»
George Russell ne comprenait pas non plus pourquoi il était le plus rapide. «Nous savions que ça irait un peu mieux pour nous, parce qu’ici il fait très chaud et que nous avons un problème pour chauffer les pneus quand il fait frais. Mais sinon, je ne sais vraiment pas pourquoi on va si vite…»
Liberty double ses bénéfices
Dans le paddock, l’affaire est passée sous silence, comme si les journalistes ne devaient pas s’intéresser aux finances pour se concentrer sur la vie des pilotes ou sur les boulons et les rondelles.
Vendredi, en début de soirée, une conférence téléphonique a été tenue par les patrons de Liberty Media, la société qui détient les droits commerciaux de la F1. Etant cotée au Nasdaq, la société est contrainte de publier ses chiffres tous les trois mois, ce qui rend publique l’évolution de la santé financière de la F1.
Et de constater, en l’occurrence, que les bénéfices engrangés confirment son succès du moment. Entre le 1er janvier et le 31 mars 2022, Liberty a quasiment doublé chiffre d’affaires et profits par rapport à 2021, année encore marquée par la pandémie.
Le chiffre d’affaires est passé de 180 à 360 millions de dollars pour le trimestre, alors que le bénéfice a bondi d’une perte de 33 millions à un gain de 34 millions. Tout est en hausse: le nombre de courses, les revenus télévisés et les sponsors institutionnels (ceux qui sont liés à la totalité du championnat).
Du terrain à Vegas
Liberty Media, dans sa conférence, a aussi confirmé la course de Las Vegas en 2023, dont Liberty sera le co-promoteur - ce sera la première fois que les détenteurs des droits seront aussi promoteurs.
A l’époque où la F1 était dirigée par Bernie Ecclestone (avant 2016), le Britannique se moquait des promoteurs, qu’il essorait financièrement - il les nommait même «les victimes»!
Avec Liberty Media, changement de cap. La société a même acquis, pour 240 millions de dollars (soit autant de francs suisses) un immense terrain en plein coeur de Las Vegas, d’une taille de 16 hectares, destiné à construire un paddock permanent - prouvant que cette future épreuve dans le Nevada est vouée à rester longtemps au calendrier.
Liberty a aussi annoncé le renouvellement du contrat avec le circuit italien d’Imola jusqu’en 2025. Monza, par contre, est gravement menacé.
Sebastian Vettel en caleçons
Vendredi, pendant le briefing des pilotes, Niels Wittich, le nouveau directeur de course, est revenu sur l’interdiction aux pilotes de porter des bijoux et autres piercings au volant - un article du règlement remontant à 2005 mais jamais entré en vigueur jusqu’ici.
L’Allemand insiste pour faire appliquer ce règlement «pour raisons de sécurité», au cas où un pilote serait bloqué dans une monoplace en feu. Mais Lewis Hamilton ne l’entend pas de cette (boucle d’) oreille: «J’ai deux piercings que je ne peux pas enlever de toute façon: un dans le nez, et un autre dont je ne peux pas révéler l’endroit, lâche-t-il. Je ne peux pas et ne veux pas les enlever. Et si on m’interdit de courir, soit. Je ne courrai pas. Nous avons des pilotes de réserve pour ces cas-là.»
Pour l’instant, Niels Wittich a accordé deux courses de sursis à Lewis Hamilton pour qu’il s’exécute. Mais il ne renoncera pas à faire appliquer le règlement. «Tout ceci est parfaitement ridicule», tonne Sebastian Vettel qui s’est promené dans le paddock en caleçon pour protester. « La direction de course vise visiblement Lewis, c’est absurde.»
Niels Wittich s’est également attaqué aux sous-vêtements, qui doivent désormais être ignifugés. D’où le show en caleçon du quadruple champion du monde allemand.
Dépassements pas si évidents
Après avoir tourné sur les simulateurs des écuries, les pilotes estimaient que le nouveau circuit de Miami était difficile, mais que plusieurs endroits permettraient les dépassements.
Mais vendredi, au terme de la première journée d’essais, tous ne partageaient plus cette opinion: «Ça va très vite, mais il y a de nombreux virages «aveugles», on ne voit pas ce qu’il y a derrière, ça risque d’être dangereux pour les qualifs», remarque Sebastian Vettel. «Et en plus, je ne suis pas sûr qu’on puisse doubler si facilement: c’est tellement étroit qu’il n’y a qu’une seule trajectoire possible. Pour doubler, il faut au moins être à côté de celui qui précède…»